Oscar de la mauvaise foi
Dans une démocratie, la liberté d’opinion doit être garantie et ne peut être contestée sauf si elle est contraire à l’ordre public. Les États-Unis revendiquent le titre de démocratie. Il est cependant certaines « vérités » qu’on ne peut pas mettre en doute, a fortiori lorsqu’on n’est pas Américain. La presse britannique titrait que la cérémonie des Oscars avait été boudée par les téléspectateurs américains au motif que le palmarès n’aurait pas récompensé les « valeurs nationales », notamment pour le prix d’interprétation féminine qui est revenu à Marion Cotillard pour son rôle d’Edith Piaf dans la Vie en Rose (La Môme) d’Olivier Dahan.
Comme pour confirmer cette « bouderie », les journalistes américains revenant sur des propos qu’aurait tenus l’actrice sur le 11 Septembre en concluent que, si lesdits propos avaient été connus par le Jury, Marion Cotillard n’aurait pas obtenu l’Oscar. Que juge-t-on ? Le talent d’une actrice dans un film ou son opinion personnelle rapportée dans la presse.
Quel est l’objet du délit ? L’actrice française aurait émis des doutes sur le 11 Septembre, et plus particulièrement sur l’effondrement rapide des tours du World Trade Center. Elle ne fait que reprendre un des arguments que beaucoup, y compris aux États-Unis, avancent. Conteste-t-elle la réalité du 11 Septembre ? Non ! Elle ne s’interrogerait que sur un des aspects de la destruction des tours. N’a-t-on donc pas le droit de s’interroger ?
Pour justifier la guerre en Irak, l’administration Bush a monté de toutes pièces sa théorie des armes de destruction massive, et ce jusque dans l’enceinte des Nations-Unies où le démonstrateur Colin Powell, réduit à un rôle de clown sinistre avec accessoires à l’appui effraya son auditoire en agitant la menace de la guerre chimique. Ce mensonge, puisque c’en était un, servit de prétexte à cette guerre absurde et meurtrière ; il entraîna dans son sillage nombre de dirigeants complices ou patentés à coups d’investissements en dollars dans leurs pays respectifs.
À trop crier au loup, l’administration Bush, à commencer par son chef s’est discréditée. Alors pourquoi n’aurait-on pas le droit d’émettre des doutes sur le 11 septembre, si la guerre en Irak s’est construite sur un subterfuge ?
Le 11 Septembre ne révélera peut-être pas tous ses secrets. Il serait pourtant sain que la Vérité éclate au grand jour. La seule vérité que nous puissions admettre est la réalité de la destruction. La seule vérité que nous pouvons admettre est le deuil des centaines de familles qui ont perdu l’un des leurs dans cette effroyable tragédie. La seule vérité que l’on puisse admettre est que le responsable pointé du doigt est un certain Oussama Ben Laden.
Après plus de six ans, la seule vérité que nous pouvons hélas admettre est que ni ce présumé responsable, ni sa clique n’ont été mis hors d’état de nuire ; que l’Afghanistan qui leur servait de base est loin d’avoir retrouvé la paix et la sécurité, car ce n’est ni le gouvernement-lige d’Hamid Karzaï, ni les Talibans qui ne peuvent les garantir ; que le Pakistan est en proie au terrorisme et à la dictature de Pervez Moucharaff ; que l’Irak continue à compter ses morts, hier lors d’attentats sanglants, aujourd’hui suite aux raids de l’armée turque sur le Kurdistan irakien sous prétexte d’éradiquer le terrorisme du PKK – la question kurde remonte à 1915 !
S’il est une catégorie à inventer pour les Oscars, ce serait celui de la mauvaise foi qui reviendrait au Président Bush et son administration. Malheureusement, les dommages collatéraux que ces derniers provoquent sont bien plus graves que les quelques confidences d’une actrice française.
Carl E. ARKANTZ
Le 4 mars 2008