Hrant Dink... 3ans déjà
Istanbul (Turquie)
Le 19 janvier 2007...
Hrant Dink, journaliste turc d'origine arménienne était assassiné de
trois balles dans la tête devant les locaux de son journal Agos.
Son meurtrier n'a que 17 ans. Il n'est toujours pas considéré par une partie de la population turque comme un meurtrier, mais un héros.
Cloué au pilori par la presse nationaliste appelant
à son exécution, soumis aux pressions comme aux menaces, Hrant Dink avait
été inculpé par la justice de son pays pour "insulte à l'identité
turque". Il ne bénéficiait d'aucune protection policière.
Défenseur
des Droits de l'Homme, partisan du dialogue et du rapprochement entre
les Arméniens et les Turcs, il mourrait à 52 ans. Si la justice l'a
blanchi après sa mort. Elle n'aura pas fait toute la lumière sur son
assassinat et ses implications. Son fils Arat sera poursuivi à son tour
pour avoir publié les articles de son père. Hrant Dink figurait sur une liste noire, celle d'Ergenegon, une organisation nationaliste et terroriste plongeant ses racines jusque dans le cœur du pouvoir. Cette mouvance n'est qu'une des facettes d'un État en crise, qui renonce encore à faire face à son passé. Tant que la bête immonde ne sera pas extirpée des entrailles de l'histoire, d'autres Dink, défenseurs de la liberté et de la démocratie ou des Droits de l'Homme
tomberont.
"Nous sommes tous des Hrant Dink ! Nous sommes tous
des Arméniens !" clameront les dizaines de milliers de manifestants le
lendemain de sa mort et le jour de ses funérailles.
Le mot "Arménien" est encore malheureusement considéré comme une insulte en Turquie.
L'Arménie et la Turquie ont opéré un timide rapprochement historique dont les retombées se font attendre.
Nous attendons toujours un Willy Brandt turc à Dzidzernakapert, le mausolée du Génocide de 1915.
Carl E. Arkantz