La Chine s’effondrera
Honorable et Vénérable Maître Panda
contre Misérable Crevette Rose
Sous la plume d'Alain Peyrefitte, cet essai fut un succès de librairie. Le réveil de la Chine annonçait une redistribution des cartes, à l'époque où le bipolarisme États-Unis & URSS pesait sur les relations internationales.
Pays communiste, l'émergence de la Chine économiquement et politiquement poussait les Occidentaux à composer avec ce nouvel empire. Certes, la Révolution culturelle était passée par là, l'annexion du Tibet et son génocide blanc suscitait bien des critiques, les droits de l'homme étaient bafoués et un parti unique refusait de céder une once de son pouvoir à une opposition qualifiée de dissidence contre-révolutionnaire.
Ce sommaire état des lieux n'empêchait pas une catégorie d'idéalistes à encenser l'Empire du milieu, ce fidèle allié du Vietminh lors de la guerre du Vietnam. Humiliés, les Américains avaient dû se résoudre à s'avouer vaincus malgré leur puissance de feu et leur technologie militaire,
La théorie des grands-arrières du général Giap avait eu raison de la plus forte armée du monde.
Le Japon, la Chine et les quatre dragons allaient poursuivre leur conquête pour imposer leur modèle.
Le réveil du Japon dans les années 80, de la Chine et de la Corée a commencé à faire basculer vers l'est le centre de gravité de l'économie mondiale. Longtemps pressenti comme une puissance régionale montante, le Japon a connu à la fin des années 2000 de nombreuses crises sociales puis financières. Écartelé entre la tradition et la modernité, le pays n'a pas su gérer les mutations sociales, ni les virages technologiques. S'imposant dans certains secteurs en dehors de ses frontières, il s'est fragilisé sur son propre territoire. Les différentes catastrophes ont en outre été autant d'obstacles à surmonter ou de défis à relever.
Parallèlement, la Chine s'est érigée en atelier universel, en usine mondiale et en déchetterie planétaire. Faisant fi des conditions de travail, de la santé ou de la sécurité, la Chine s'est développée à grande vitesse, au mépris des droits les plus élémentaires de l'homme. Sans lois garantissant une protection sociale, ni salaires minimum, ni limites aucune quant au travail des enfants ou des prisonniers, ce développement encouragé par les multinationales propose une main d'œuvre à coût réduit taillable et corvéable à merci.
L'environnement n'a pas été épargné non plus. Pollution des rivières, pollution de l'air, engloutissement de villages (ainsi que de la flore et de la faune) sont le prix à payer de cette expansion que d'aucuns admirent en ignorant les dommages collatéraux mais hélas irrémédiables.
Le progrès vaut-il ce prix ? La possession de la technologie de dernier cri entre vos mais peut-elle reposer sur la souffrance ou l'exploitation d'un enfant ? Notre superflu justifie-t-il un tel sacrifice ?
Les puissances occidentales font preuve d'une grande lâcheté face à la Chine (leur bailleur de fonds), et ces capitulations munichoises peuvent conduire à la ruine d'un système entier dont la crise financière n’est que l’avant-goût.
Bien littérairement.