Le temps du Migaud...

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La cour des comptes contrôle les comptes publics depuis 1807, date de sa création par Napoléon Bonaparte.

En remettant son rapport, le premier président de la cour des comptes, Didier Migaud n’a pas épinglé le gouvernement Fillon comme le laissait entendre Pierre Moscovici appelant notamment Valérie Pécresse à se taire. Confiner l’autre au silence dans une démocratie s’apparente à une dérive autocratique des tenants du régime. Les socialistes avaient beau jeu de crier à l’État UMP lorsqu’ils étaient dans l’opposition, accusant Nicolas Sarkozy d’avoir favorisé les siens. L’argument fut repris par le candidat Hollande lors du débat télévisé.

Parmi ses promesses, le même candidat garantissait qu’il n’augmenterait pas les impôts. Pendant son discours de politique générale, à l’assemblée nationale, le 2 juillet dernier, Jean-Marc Ayrault s’est efforcé de rassurer les couches populaires et les classes moyennes sur les impôts. Où va-t-il donc trouver les 33 milliards nécessaires pour boucler le budget 2013. Relèvement de taux de la TVA, hausse de la CSG, suppression des niches fiscales ou augmentations des droits de succession sont les pistes possibles pour les recettes. Et les économies ? Le gouvernement milite pour un coup de pouce pour le SMIC. Or lorsque le Smic augmente le traitement minimal des fonctionnaires suit, ce qui a pour but d’alourdir les charges de l’État. Réduire le nombre des fonctionnaires était une des voies choisies par le gouvernement Fillon. De gré ou de force, Jean-Marc Ayrault devra y recourir.

La seule et unique porte de sortie de la crise et de respect du pacte de stabilité est de relancer l’économie. L’économie repose essentiellement sur les agents économiques qui produisent des biens et des services, à savoir les entreprises. Les entreprises que stigmatisent les politiciens de gauche sont celles du CAC 40. Ces entreprises sont pour la plupart des multinationales et ne produisent pas uniquement sur le territoire français. Nombre d’entre elles ont délocalisé. La délocalisation ne profite pas à la croissance. Le CAC 40 est l’arbre qui cache la forêt. Des dizaines de milliers d’entreprises françaises contribuent à la richesse nationale. Les PME-PMI ont été les grandes exclues des politiques économiques. Le tort est de considérer que la masse de producteurs ne pèse rien face aux producteurs de masse. Ce seront ces entreprises qui encaisseront le choc des politiques démagogiques de politiciens méconnaissant l’existence comme la réalité de l’entreprise en France.

De la croissance, oui. Mais quelle croissance ?

Une croissance durable doit tenir compte des paramètres environnementaux. Développer les unités de recyclage de produits permettrait de créer des emplois, de diminuer les déchets industriels et de remettre dans le circuit des produits reconditionnés. Il faudrait également favoriser les écoproduits et les éco-services. Relocaliser l’industrie et les services doit également être une priorité des politiques économiques. Mais il faut le faire intelligemment en prenant en considération les atouts des régions et leurs potentialités.

Économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, Mathieu Plane prévoit une recrudescence des plans sociaux, à moins que le gouvernement revoie sa politique d’ajustement budgétaire. Hélas, les choix du gouvernement Ayrault ne vont pas dans ce sens. Sens unique ou sens interdit, l’avenir nous le dira.