Moi non plus
Ce que des hommes défont... d'autres hommes refont
Après 3 guerres, 1870 et Sedan, 1918 et 1945, les relations entre la France et l’Allemagne avaient atteints des sommets d’incompréhension voire de rejet mutuel. La traversée des villages de l’est de la France garde comme une plaie ouverte les traces de ces catastrophes humaines. Des générations d’hommes se sont affrontées sur ces champs de batailles pour assouvir la folie de leurs dirigeants.
Fort justement Paul Valéry écrivait que : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »
Combien de familles endeuillées, de bourgades saignées, de lieux rayés de la carte aura-t-il fallu pour une difficile mais nécessaire réconciliation.
Il faudra pourtant attendre le 8 juillet 1962 pour que le général De Gaulle et Konrad Adenauer scellent à Reims l’amitié franco-allemande.
Reims, ville du champagne et de l’Ange du sourire, fut un choix hautement symbolique. C’est à Reims qu’étaient sacrés les rois de France. C’est aussi la capitale d’une des régions les plus touchées par les guerres franco-allemandes.
Cinquante ans plus tard, c’est à Reims que le président Hollande (au nom moins cocardier que son illustre prédécesseur mais plus européen) célèbre avec Angela Merkel, la chancelière qui venait de l’est les noces d’or d’une histoire tumultueuse.
Face au vent décoiffant, on aura pu admirer la bonne tenue du brushing (rigide) d’outre-rhin comparé aux virevoltantes mèches françaises ponctuant les silences hésitants du président français. Réconciliés sous une fine pluie, nos deux chefs d’État et de gouvernement auront brisé la glace. Ou du moins, ils l’auront fendillée.
Et cette bise sera, nous l’espérons, de meilleur augure alors que 51 tombes de soldats allemands de la Der des Der ont été profanées par des vandales dans un cimetière militaire des Ardennes.
Bien littérairement.