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Arkantz - Blog humaniste & républicain de vigilance
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14 juillet 2012

Des tailleurs aux casseurs… de pierres

 

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« Tu es Petrus, et super hanc petram aedificabo ecclesiam. »

C’est dans l’Évangile de Saint Matthieu et dans lui seul qu’est rapportée cette phrase de Jésus s’adressant à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église. »

Pierre vient du latin Petrus. Pierre de son vrai nom Siméon Barjona (Simon, fils de Jonas d’après certains commentateurs – Bar signifiant fils en hébreu) aurait été surnommé Kêpha (roc ou rocher en araméen). Le jeu de mots est évident entre le nom de l’apôtre et la pierre, mais ce jeu de mots est double pour ne pas dire trouble. On avance au sens littéral que ce surnom de Kêpha viendrait du fait que Siméon (Simon) se tenait sur un rocher. C’est l’interprétation la plus simpliste. On peut considérer le terme de roc ou rocher de bien d’autres façons.

Ainsi, Jésus interpelle Pierre et lui délivre son testament sous une forme parabolique. « Tu es Pierre (ou une pierre), et c’est avec toi et par toi pierre que je construirai les fondements de ma nouvelle religion ou de ma communauté. »

La pierre traduit l’éternité. Le nom de l’Éternel (YHWH) ne doit être pas prononcé. Dans la tradition juive, on le remplace par Adonaï (Mon Seigneur). Ainsi, le Roc Siméon (Simon) pourrait également symboliser le refuge ou la forteresse de Dieu. Cela peut nous renvoyer à Magdala (tour ou grandeur) que l’on retrouve dans les Évangiles avec Marie Magdala (ou de Magdala). Les moines copistes de Byzance l’ont traduit au 5ème siècle par Marie-Madeleine et qualifiée de pécheresse. Or Marie Magdala pourrait signifier Marie la Tour ou Marie la Grande. Robert Ambelain (Dieu ou le mortel secret des Templiers) avance que Marie Magdala et Marie, mère de Jésus en seraient en fait que la seule et même personne. En effet, la tour sensée protéger est comme la forteresse construite avec des pierres taillées dans le roc. Pierre abriterait la communauté comme Marie avait abrité dans son ventre le Fils de l’Homme.

Enfin Jésus voulait peut-être comparer Pierre à la première pierre de sa future église (à moins qu’il n’en soit la pierre angulaire) au sens monumental comme l’un des éléments fondamental de cette église. Pierre ayant été supposé crucifié à Rome en 64 sous Néron selon une hypothèse discutable, cette formule christique fut prise au pied de la lettre. Et sur sa tombe présumée fut bâtie la basilique qui porte son nom.

Pierre est-il Pierre ou Pierre est-il une pierre ? La pierre a été utilisée par l’homme pour construire et se protéger ; elle a aussi servi de support à l’artiste qui y a gravé son empreinte. Ce sont les pierres qui nous renvoient aux civilisations passées, disparues, englouties dans les méandres ou les abysses de l’Histoire. La pierre est parfois l’unique témoin de leur existence. Qu’il s’agisse des pyramides de Guizèh, du site de Pétra (qui vient du mot pierre), des statues géantes de l’Ile de Pâques, les alignements mégalithiques de Carnac ou des Khatchkars (ces croix de pierres arméniennes sculptées comme de la dentelle), ces pierres nous renvoient à notre propre histoire. « Nous sommes nos montagnes », clament fièrement certains montagnards du Caucase. Ne serions nous pas nos pierres ? Ne serions-nous pas des pierres ? Il ne s’agit pas des pierres que les nôtres viendront poser sur notre dernière demeure. Ces pierres-là laisseront une trace éphémère de notre passage à l’échelle du temps. Mais ce sont les pierres que nous sommes dans le vaste édifice de l’existence comme celles qui constituant les planètes participent à l’univers.

Si les grandes civilisations se sont perpétuées jusqu’à nous tant par leur culture que par leurs monuments, c’est qu’elles ont su valoriser les tailleurs de pierre. Ces sociétés bâtisseuses mettaient la création au-dessus de tout comme une exigence. On bâtissait tout autant pour soi que pour les autres ou au-delà par le « non nobis » par forcément pour soi mais pour la gloire du Nom du Créateur Suprême (Non nobis, domine non nobis, sed nomini tua da gloriam – Non pour nous Seigneur, non pour nous mais pour la Gloire de Ton Nom – Telle était la devise des Templiers). C’est par la construction que l’homme s’élève. C’est par le travail que l’homme s’accomplit. C’est par la création que l’homme existe.

Face aux tailleurs de pierre, ce sont toujours dressés face à eux les casseurs. Ils n’avaient de cesse que de détruire ce que d’autres avaient érigés avant eux par la bêtise, la jalousie, la volonté de nuire ou d’effacer ; qu’il s’agisse de grands empires conquérants, de dictateurs avides de pouvoir absolu, de génocideurs de tout acabit qui se muent en négationnistes, de fanatiques religieux ou non qui par aveuglement, plaisir ou pour la gloire de leur Dieu dynamiteront des statues sacrées ou saccageront les édifices religieux n’appartenant pas à leur culte, les casseurs existeront toujours.

Certains d’entre eux utiliseront les tailleurs de pierre afin de se façonner une légitimité en faisant graver leurs exploits dans le marbre ou laisser leur image dans le granit pour une pétrifiante postérité, à moins qu’ils ne veuillent essayer de se racheter aux yeux de l’Histoire en venant à leur tour agrandir le cercle des tailleurs et des bâtisseurs.

Au célèbre « J’irai cracher sur vos tombes », quelques uns ont répondu par un « je vais briser vos stèles » en profanant dans les cimetières des tombes qui ne sont pas toujours choisies au hasard. La pierre n’est jamais du côté de la cognée qu’il soit bon ou mauvais selon les circonstances.

D’ailleurs, dans certaines sociétés, une justice pas toujours humaine oblige le forçat à casser des pierres. Des pierres aux cailloux, les casseurs quels qu’ils soient petits ou grands, désœuvrés ou intolérants, patentés ou condamnés, envahisseurs ou envahissants n’empêcheront jamais les tailleurs de pierres de continuer à construire ou à reconstruire.

Ainsi va le temps…

 

Jésus ou le Mortel Secret des Templiers
Robert Ambelain
Editions Robert Laffont
ISBN 2-221-00503-1

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  • Arkantz est mon nom de plume. S'il commence par A et finit par Z, ce n'est pas un hasard mais un hommage à un artiste auquel je suis apparenté. Consultant-formateur engagé, je m'inscris dans une vision laïque, humaniste et écologiste de la société.
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