Être Français…

Les 22 fusillés du mont Valérien

Un droit… et des devoirs

Lorsqu’il foula la terre de France en débarquant à Marseille, l’orphelin Missak Manouchian était un de ces sans-papiers chassé de sa terre natale par des génocidaires. Comme beaucoup de ses compatriotes, le retour lui était interdit. Sans nationalité aucune, ses exilés devinrent des apatrides munis du passeport Nansen. Premier haut-commissaire pour les réfugiés à la SDN, Fridtjof Nansen avait créé ce certificat en 1922 pour les réfugiés russes qui fuyaient le bolchévisme.

Bien qu’apatrides, nombre de ses réfugiés se sont intégrés en France tout en reconstruisant des vies brisées ; leurs enfants, déclarés français, ont pu étudier dans les écoles loin de toute discrimination ou du moins de toute menace physique. Devenus médecins, avocats, commerçants ou chefs d’entreprises, certains se sont engagés comme volontaires dans l’armée française. Capturés en 1940, envoyés dans des camps, ceux qui se sont évadés sont rentrés dans la résistance.

Missak Manouchian a donné sa vie pour le pays qui l’avait accueilli. Fusillé avec 22 de ses compagnons au mont Valérien le 21 février 1944, il clamera jusqu’au bout son amour pour la France et son absence de haine pour le peuple allemand.

Ils n’étaient pas Français. Ils sont pourtant morts pour la France.

Être Français ou plus généralement demander à être naturalisé est un acte de foi. Étrange me direz-vous de parler de foi en ce domaine. Pas vraiment. L’engagement d’appartenir à une communauté d’adoption, devenir un des fils de la nation exige une réelle conviction. Acquérir une nouvelle nationalité c’est adhérer à un pacte républicain, national, à un idéal en faisant sien les droits comme les devoirs de tout nouveau citoyen. C’est apporter à la fois ce que l’on est à la nation tout en acceptant comme siens les principes fondamentaux, les symboles et les idéaux de son nouveau pays.

Certains sont morts pour un pays dans lequel ils n’étaient que des étrangers par amour pour ce pays. Fasse que ceux qui entrent dans la grande famille d’une nation ne confondent pas intérêts et devoirs d’appartenance.

Bien littérairement.