Aux désillusions
Churchill:. photographié par Y. Karsh
La sincérité existe-t-elle en politique ? À n’en point douter, si les politiques étaient vraiment sincères, ils sauraient par avance que leurs promesses ne seraient jamais tenues. La promesse n’engage dans les faits que celui qui veut bien l’entendre, dans notre cas de figure l’électeur. Si l’électeur est assez naïf pour croire aux discours des politiques, alors il sera perpétuellement déçu et tournera le dos à la vie politique en se réfugiant dans l’abstention.
Il en est des promesses comme des châteaux de sable que la réalité de la marée montante engloutira à jamais.
La seule réalité en politique n’est pas de croire aux promesses, mais en la capacité d’un homme ou d’une femme pour gérer l’avenir d’une nation en sachant éviter le pire.
Qu’il s’agisse d’Obama ou de Sarkozy ou de Hollande, chacun n’aura pu régler et ne réglera qu’une infime partie des défis de son temps. Terminer une traque, libérer des otages, essayer de sauver un pan de l’économie, éviter le naufrage d’une entreprise, donner satisfaction à une communauté, voilà ce que tout chef d’État est en passe de pouvoir réaliser durant son mandat.
Pour ce qui est des réformes structurelles, un mandat ne suffira jamais. Il faudra pour les réussir, une réelle prise de conscience de chacun à son niveau, une remise en question profonde de son mode de vie, une évolution des mentalités. Sans cela, nous vivrons de mesurettes et de contre-mesures.
Le 13 mai 1940, devant la Chambre des Communes, lors d'un discours resté célèbre, Winston Churchill disait : « A la Chambre des communes, je dirai comme je l'ai dit à ceux qui ont rejoint le gouvernement : " Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur. " Nous avons devant nous une épreuve des plus douloureuses. Nous avons devant nous de nombreux et longs mois de combat et de souffrance. »
Un tel discours de vérité fait mal car la promesse qui est faite est malheureusement toujours tenue.
Bien littérairement.