L’étrange voyage…

..de Marc Levy

Une certaine critique disait de lui avec dédain que Marc Levy n’était pas un écrivain. Qu’est-ce qu’un écrivain ? Un orfèvre qui s’efforce à ciseler de belles phrases, un habitué des plateaux littéraires qui fait sa promo à la télé, un être sensible qui touche lecteur jusqu’à l’âme de fond.

Le rôle de l’écrivain est d’émouvoir avec des mots. Qu’importe que ses phrases soient belles et abouties tant qu’elles parlent à celui qui les lit. Comme il est indifférent que l’auteur en question vienne se pavaner sur les écrans, eut-il du talent ou non.

Alors, Marc Levy est-il un écrivain ? S’il ne l’était pas, il n’aurait pas des millions de lecteurs. Mais ses détracteurs diront la quantité ne fait pas la qualité. Ne serait-ce pas de la jalousie ?

L’étrange voyage de monsieur Daldry emporte son lecteur dans une odyssée de fragrances du Londres des années 50 à Istanbul l’eurasienne. Pour ceux qui connaissent les deux, on retrouve des images comme des souvenirs surannés de cartes postales jaunies. Alice, une jeune anglaise et « nez » de son état consulte un soir à Brighton une voyante qui lui prédit un voyage avec la rencontre d’un homme. Ce voyage, c’est à Istanbul. Et son compagnon en sera le grognon M. Daldry son voisin de palier et mentor pour la circonstance.

Un voyage est à jamais une remise en question de soi. Ce voyage-là bouleversera Alice jusque dans ses certitudes. Là où elle pensait trouver l’amour, la jeune femme découvrira un secret, celui de ses origines. Ce n’est pas sans rappeler le roman d’Elif Shafak, la Batarde d’Istanbul. La Corne d’Or comme le Bosphore drainent en eux bien des histoires, bien des secrets et des tragédies qui ont chassé des familles entières vers l’exil, Arméniens, Grecs pontiques, Assyriens ou Juifs.

L’étrange voyage de Monsieur Daldry ne peut laisser de marbre que les insensibles.