Le monde des gris…
Où tout n’est ni noir ni blanc !
Au nom du progrès, on voudrait nous faire croire que gommer les différences serait nécessaire. Il faudrait avant tout ne pas confondre les genres. Car de la confusion nait le chaos. Certains le souhaitent pour diverses raisons. Mais le chaos peut tout autant générer la destruction que la renaissance. La dualité fait aujourd’hui débat dans le concert sociétal provoqué par la question du mariage. Au-delà de cette question qui sera vite oubliée quelle que soit son issue, il faut décoder les intentions sous-jacentes qui animent les défenseurs de l’une et de l’autre vision de la société.
La société est-elle égalitaire ? Elle devrait l’être en droit. Elle ne l’est pas forcément dans les faits.
Assurer l’égalité pour tous doit-il être le rôle de nos sociétés ? Oui, mais jusqu’à un certain point. Ce point est celui du respect de la liberté et de l’égalité des autres. Ainsi, s’il ne peut pas y avoir de liberté sans limites, on ne peut décréter une égalité sans bornes. Si les limites peuvent être déplacées du fait de l’évolution des sociétés, on ne peut les effacer. La limite est constructive. Ainsi, le « non » limitatif opposé à l’enfant lui permet de connaître les limites que la permissivité excessive occulte en créant des individus asociaux.
Les hommes sont-ils tous égaux ? Non, et l’on pourrait dire heureusement. L’uniformisation de l’humanité est une vision orwellienne du monde dont rêvent les dictatures. C’est de la différence que vient la vie, l’originalité et la création. Accepter la différence de l’autre est un signe de tolérance. Mais entrer dans un discours extrémiste pour effacer les différences est difficilement acceptable.
Y-a-t-il une domination des sexes ? La dualité est source de confrontation mais également de complémentarité. L’homme et la femme ne sont pas ennemis comme le voudraient certains, ils se complètent. La société judéo-chrétienne à dominante patriarcale a longtemps mis la femme au second plan. Pourtant dans la société juive, la judéité se transmet par la mère. La mère revient donc au centre pour la transmission. Cela remet en question le dogme du D. Père, la Déesse Mère ayant été gommée de la tradition écrite.
Cet effacement de la mère était particulièrement flagrant lors d’un reportage sur un couple d’homosexuels ayant eu recours à une mère porteuse pour avoir deux enfants à élever. Le destin a voulu que ce soit deux garçons. Ces derniers ont rencontré leur mère une fois, mais rien dans la maison ne rappelle son existence. Ces garçons sont élevés entre hommes. Que la mère qui a porté deux enfants n’ait plus pour eux le moindre instinct maternel est possible mais pour le moins étrange, à moins qu’elle n’ait été rémunérée pour chaque grossesse. Cette marchandisation de la gestation est beaucoup plus choquante, me semble-t-il. Et elle n’émeut pas nos féministes, si promptes à taper sur la famille défendue par les opposants au mariage pour tous. Parmi ceux-ci, on ne peut souscrire aux propos de rejet de certains. La société est faite d’hommes et de femmes, tous différents et respectables dans leurs choix. Il ne faut tolérer ni le diktat des uns ni le diktat des autres qui au nom du progrès pour les uns ou de la tradition pour les autres dénaturent le débat.
Le monde n’est pas gris, n’en déplaise à beaucoup, même si ce sont les hommes en gris qui gouvernent dans l’ombre.