Mauvais calculs : la partie syrienne et le gambit irakien
Un piège régional et international
Le Chevalier jouant contre la Mort - Le Septième Sceau
Dans la culture américaine, il y a d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Les tuniques bleues, les cow-boys appartiennent au premier cercle, les indiens et les gangsters au second. Cette vision simpliste du monde s’étend au-delà des clichés cinématographiques. Il aura fallu quelques années à John Ford pour tourner Cheyennes. Mais, il en faudra beaucoup plus pour que l’administration américaine admette enfin que son modèle n’est pas exportable.
Le cow-boy Bush avait tenté un coup de poker en Afghanistan et en Irak avec le succès que l’on connait. Dirigé par un Hamid Karzaï à la solde du lobby pétrolier, l’Afghanistan est ingérable, mis en coupe réglé par les Talibans et autres seigneurs de la guerre, retranchés dans leurs montagnes. Même si le pays ne fait plus la une de l’actualité, l’Irak est un pays divisé entre les chiites majoritaires, les sunnites et les Kurdes au nord. Quant aux chrétiens, ils ont payé fort cher la libération à la sauce américaine, puisque les États-Unis, pourtant chrétiens jusqu’au bout des ongles, n’ont jamais su les protéger.
On pensait naïvement qu’un Obama pourrait redorer le blason de ces États-Unis malmenés pas son prédécesseur, celle d’un État arrogant et manipulateur. Loin s’en faut. L’élimination de Ben Laden n’a fait qu’effacer une menace ou plutôt l’image d’une menace. Il fallait pour Washington donner un visage à son ennemi, Ben Laden a brillamment rempli son office. Sinon comment expliquer à l’Américain moyen le terrorisme, cette hydre anonyme et sournoise, manœuvrée au gré des intérêts par les uns ou les autres, des services secrets aux officines de barbouzes à la solde de la raison d’État.
L’Iran reste la cible potentielle. Mais avant cela, il faut abattre le régime syrien. Aidés du Qatar, de l’Arabie Saoudite et de la Turquie (dont le récent réchauffement relationnel avec Israël ne trompe personne), les Occidentaux soutiennent une rébellion hétéroclite, constituée de réels et sincères opposants à Assad, mais également de mouvances salafistes inféodées pour partie aux Frères Musulmans au pouvoir en Égypte. Le jeu des alliances n’a pas tenu longtemps et les monarchies du Golfe se tirent dans les pattes, le Qatar se plaçant dans la position la plus extrémiste.
L’autre problème est le soutien de la Russie et de la Chine au régime de Damas. Dans cette partie d’échecs, les joueurs ne sont plus de la même étoffe. Le pion syrien est beaucoup dangereux que l’Afghanistan et l’Irak. Que dire alors de la carte iranienne ? Israël est également en première ligne. Face aux intimidations verbales de mollahs et aux gesticulations explosives du Hamas ou du Hezbollah, l’État hébreu agite la menace de la riposte militaire contre le risque nucléaire. Dans le même temps, la société civile israélienne est loin d’adhérer dans son ensemble à une nouvelle aventure guerrière.
Avec l’initiative Israël Love Iran, Ronny Edry, proche du Meretz prône le rapprochement des peuples.
Intention louable ou rêverie illusoire, le mouvement s’intensifie.
Comme l’écrivait Paul Valéry : « La guerre est faite par des gens qui ne se connaissent pas et qui se tuent, au profit de gens qui eux, se connaissent et ne se font jamais de mal. »