Tombe la neige

Ou Noël au printemps !

Les glaneuses - Millet (1857)

Le dicton « Noël au balcon, Pâques au tison » prend toute sa signification avec l’hiver qui ne voulait pas mourir.  La sagesse populaire avait du bon. C’est un peu comme ce « bon » sens paysan que les urbains et les bobos semblent avoir oublié.

En parlant de paysans, il y avait un excellent reportage sur les coulisses du Salon de l’Agriculture. La Foire médiatique qui se veut la vitrine des savoir-faire de nos terroirs ne serait-elle pas devenue le fourre-tout dans lequel les paysans ne se reconnaissent plus. Il faut avouer que faire cohabiter les producteurs de carburant « bio » avec les producteurs de bio est un exercice qui confine au grand écart.

Est-il plus important de consacrer des hectares de terres pour faire du carburant ou pour nourrir les hommes ?

La qualité de ce que nous mangeons doit primer sur la quantité de ce qui est produit. Et les récents scandales de la filière industrielle de l’alimentation a montré ô combien les valeurs d’intégrité et de respect étaient bafouées par des faiseurs d’argent. Un producteur agricole qui ne peut vivre de son métier est un autre scandale. Lorsque les marges des intermédiaires engraissent ces quelques-uns bien inutiles, il faudrait se poser la question de la distribution, en privilégiant les circuits courts, la vente directe, la constitution de coopératives de moyens ou la mutualisation des métiers de la terre.

L’uniformisation des productions a trouvé par la multiplication de normes au nom de la sécurité ou de l’hygiène une arme de poids. Elles contribuent à rendre insipides des produits ayant bâti leur réputation sur l’originalité et le goût. Certes, les producteurs chercheront toujours à améliorer leur produit, qu’il soit transformé ou non. D’aucuns iront même jusqu’à nous faire retrouver des saveurs perdues, des fruits ou des légumes disparus. D’autres imagineront de nouvelles recettes pour d’enrichissantes découvertes gastronomiques. Le monde de la terre est un monde vivant, plus responsable que ne le prétendent certains beaux penseurs des cités.

La terre est nourricière et ceux qui savent l’ensemencer en sont les meilleurs gardiens. En attendant, l’hiver n’en finit pas…