Ou la rencontre d’une passionnée et d’un humaniste
En 1888, Louise Michel reçoit dans son appartement de Levallois la visite du Dr Henri Pelletier à qui elle avait laissé un message. Ainsi, c’est ignorant l’identité de cette patiente que le médecin apprend à la connaître. C’est à partir de ce point de départ imaginaire que Georges Dupuis a écrit la pièce « Dans le regard de Louise » (1) qui se joue actuellement au théâtre du Ranelagh (Paris 16ème).
L’auteur, interprétant le rôle du Dr Pelletier y partage l’affiche avec Bérengère Dautun, ancienne sociétaire de la Comédie française, remarquable dans le rôle de celle qu’on surnomma la Vierge rouge, après la Commune de Paris.
De cette rencontre qui aurait pu être probable, le médecin issu d’un milieu aisé se prend d’amitié pour cette femme passionnée qui souffre de violents maux de tête après une blessure par balle au temporal. Petit à petit, Louise se dévoile dans sa fragilité qu’elle dissimule sous son énergie indomptable. Mais chaque homme a ses secrets, et le Dr Pelletier n’échappe pas à cette règle en avouant ses propres failles et ses souffrances masquées sous le vernis un peu rigide de bourgeois conservateur qu’il cherche à imposer.
Au fil des scènes ponctuées par des respirations musicales reprises au piano par les deux acteurs, cet huis-clos révèle deux personnalités que tout devrait opposer et qui, au fur et à mesure, tissent une complicité forte faite du respect de leurs différences autour du ciment de l’humanité. Double de jeu de miroir, « Dans le regard de Louise » a pour mérite d’apporter un éclairage sur une des grandes figures de la Commune de Paris, méconnue pour beaucoup. La finesse des dialogues et le mélange subtil de moments de comédie et de tragédie fait de cette pièce un moment rare et émouvant, où le sourire se mêle aux larmes.
(1) Dans le regard de Louise de Georges Dupuis, mise en scène par Yves Pignot au Théâtre le Ranelagh (5 Rue des Vignes - 75016 Paris) avec Bérengère Dautun et Georges Dupuis (jusqu’au 4 mai 2013)