N°6… Prisonnier de la rame
Ne sommes-nous plus que des numéros ?
Patrick Mc Gohan... " Je ne suis pas un numéro ! "
Le N°6 et le Prisonnier, nous ramène quelques années en arrière, à une époque où l’uniformisation et la déshumanisation menaçaient les individus. Le N°6 est également celui de la ligne de la RATP qui relie Nation à Etoile-Charles de Gaulle via Denfert-Rochereau. En partie aérien, le tracé enjambe la Seine entre les stations Bir-Hakeim et Passy avec en prime une superbe vue sur la Tour Eiffel.
Pourtant, le 19 mars 2013 entre 18h15 et 19h35, ce n’est ni la vue ni le passage des bateaux-mouches qui adoucirent les affres des usagers prisonniers de la rame. Un coup de frein brusque stoppa le train à 20 mètres du quai de la station Passy. Malgré les explications du machiniste, certes sommaires, les passagers furent priés d’attendre, en espérant soit un redémarrage, soit une évacuation. Les agents de la RATP passaient et repassaient le long de la voie, sans accorder le moindre regard aux passagers, ni même répondre à ceux qui s’adressaient à eux par la fenêtre.
Il est intéressant de noter les réactions de nos contemporains face à un tel événement. Il y a ceux qui prennent cela à la légère, presque à la rigolade. Les soumis sont les plus nombreux, ils acceptent sans mot dire la situation. Certaines personnes craquent physiquement et moralement, en crise de nerfs et au bord des larmes. Des moralisateurs de comptoirs justifient même l’injustifiable. Est-il plus urgent de réparer une coupure de courant (raison invoquée par la Régie) ou libérer des usagers prisonniers d’un train ?
Imaginez-vous, bloqué dans un train ou une rame ! Cela est arrivé lors des épisodes neigeux aux passagers de TGV et même dans le métro parisien. Il aura fallu au moins une heure pour que la RATP décide d’évacuer. Elle aura dû faire appel aux pompiers pour « sécuriser » ladite évacuation et mettre des échelles pour aider les passagers à sortir des voitures. Des pompiers, on n’en a pas vu beaucoup. Des échelles, il y en avait une par voiture. Les passagers n’en disposant pas devaient s’asseoir sur le marchepied et se faire porter par des agents de la sécurité (GPRS). Un machiniste disposant de son carré a bien pu traverser toute la rame par la porte centrale de chaque voiture. N’aurait-on pas pu évacuer les usagers plus tôt par cette voie-là ?
Les carences de l’organisation révèlent un manque d’initiative de la part des agents, mais surtout de leurs responsables. Quoiqu’on en dise, entre la sécurisation et le principe de précaution, la RATP a eu la chance de ne déplorer aucune crise majeure dans les voitures, lors de situation de ce type les esprits peuvent s’échauffer. Il est à déplorer que rares sont ceux qui prennent la défense de leurs semblables, s’assoupissant dans une acceptation qui devient maladive.
Il serait temps grand temps de se réveiller.
Bonne route...