Ou le gamin qui aimait jouer avec les allumettes

dictateur

Le temps s’est arrêté en juillet 1953 au nord du 38ème parallèle. Comme si à la mort de Staline, son âme était venue hanter l’esprit des dirigeants nord-coréens. Deux Corée, deux destins que tout opposent, vivent face à face l’une dans l’opulence et l’enrôlement de sa jeunesse dans un modèle économique conquérant, l’autre dans la misère et l’embrigadement de sa jeunesse dans un délire conquérant débridé. La première exporte son savoir-faire et prend des marchés, la seconde se replie sur elle-même et avance à marche forcée vers l’abîme de son autodestruction.

Dans le jeu des Kim, on devient dictateur à vie. Après Kim Jong-Il (1941-2011), son père né en Russie et son grand-père, Kim Il-Sung (1912-1994), Kim Jong-Un (1983-?) veut laisser son empreinte dans l’histoire. On aurait pu espérer la fin des deux Corées, la réconciliation et l’unification, mais c’était sans compter sur l’armée. Piliers du pouvoir, les généraux à la poitrine tintinnabulante de médailles de pacotille, croient encore que leur modèle est l’avenir de l’homme. On dirait qu’ils vivent dans un rêve éveillé de leurs fantasmes dévastateurs, dans un monde parallèle où eux seuls détiendraient la vérité suprême.

À la tête de cet État, surgi des brumes du passé et qui n’en finirait pas de mourir, un trentenaire au visage poupin, une espèce de punk asiatique semblant à peine sorti de l’enfance se plait à poser, parfois sérieux, parfois  goguenard auprès d’officiers de haut-rang, caricatures militaires en grande tenue. Son projet tient en un mot, la guerre. L’anéantissement de sa sœur jumelle n’est que le début, puisque le but véritable est, selon ses intentions, la destruction des États-Unis. Ce Dr Follamour plus vrai que nature nous promet du sang et des larmes.

Gesticulations irresponsables d’un homme en proie au délire ou fanfaronnades ubuesque d’un dirigeant qui veut sa part de notoriété, que penser ?

Laisser faire et craindre le pire serait-il plus intelligent que donner de l’importance à des menaces ?

La question reste posée.