Biens immobiliers… vacants

Quelle utilité ?

Entre Picsou...

Le 69 rue de Sèvres à Paris est un immeuble vacant. Selon Me Claude Pallussière, avocat de la propriétaire, celle-ci ne veut ni louer ni vendre son bien. Apparemment domiciliée en Belgique, elle ne l’occupe pas non plus, ni même indirectement.

Plus de 2.5 millions de m² de bureaux seraient vacants à Paris, dont 500.000 depuis plus de 4 ans. Et 120.000 logements à Paris seraient inoccupés depuis au moins deux ans d’après l’Insee. Certains propriétaires préfèreraient payer la taxe sur les logements vacants que la taxe d’habitation.

De nombreux bâtiments sont gardiennés afin d’éviter l’intrusion de squatters. À quelle fin ?

On ne peut que s’étonner de voir des biens laissés à l’abandon. On sait qu’un immeuble vide se dégrade, il semble donc inconcevable que leurs propriétaires s’imaginent pouvoir en préserver la valeur. Tôt ou tard, le bâtiment menacera ruine, et pour cause de péril en la demeure, la mairie devra faire face. Réquisitionner, exproprier ou démolir sera dès lors la seule solution.

L’économie n’est pas la thésaurisation. Le bâtiment vit et doit permettre de vivre, non pour la spéculation de quelques-uns. On sait que louer n’est pas simple. Trouver un locataire solvable, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises, tient plus souvent du pari sur l’avenir. Avec la crise, les propriétaires sont frileux. Ils sont aussi gourmands. Avec la hausse du prix au m², les loyers ont grimpé en flèche. Il est aujourd’hui tout aussi inextricable pour un ménage moyen d’acheter un appartement que de le louer en plein Paris. Des milliers de logements ont été racheté par des promoteurs pour en faire des bureaux, dès le début des années 80. Ces surfaces de bureaux ou d’activité sont pour des millions de m² vides ! À quoi bon ?

Le centre de Paris n’est pas une zone propice à l’installation de bureaux. Avenues congestionnées et manque de places de parking sont les principaux freins à une implantation commerciale. Les entreprises préféreront s’installer dans les banlieues les mieux desservies par les routes, autoroutes et transports en commun. Pourquoi avoir alors vidé Paris de ses habitants ? L’opération a dû permettre à des professionnels du secteur de se remplir les poches et de verser quelques commissions. Ce sont les Parisiens qui en ont fait les frais. Des familles ont été obligées de choisir d’emménager dans la petite couronne lorsque leurs revenus le leur permettaient ou dans la grande couronne quand ces revenus ne suffisaient pas. On peut alors imaginer combien les heures passées dans les trains contribuent à la sinistrose ambiante. Pour d’autres, le choix sera plus radical : quitter Paris et sa région.

Droit au logement ou Jeudi noir militent à leur façon contre le mal-logement. Squatter n’est certes pas la meilleure issue pour faire reconnaître légalement s’entend un droit fondamental de l’homme, à savoir se loger décemment. Mais, l’obstination de certains propriétaires dans une situation où de plus en plus de personnes se retrouvent soit à la rue, soit dans l’impossibilité de payer leurs loyers, risque de faire basculer certains dans un extrémisme qu’il sera dur de condamner. Mieux vaut parfois se défaire d’un bien dont on n’a pas l’usage que de le conserver contre vents et marées. La tempête, nul ne l’ignore, emporte tout sur son passage.

Et Rapetout