L’économie n’est pas que virtuelle…

Ou quand les politiques perdent le sens du réel

L’Ecole 42 créée par Xavier Niel fait débat. Avec une sélection à l’entrée et de nombreux étudiants n’ayant pas le bac, le concept suscite tout autant l’intérêt des uns que la polémique chez les autres. Alors que PISA déclasse l’éducation nationale en France, l’initiative de Xavier Niel remet en cause les politiques successives, élaborées par les gouvernements de gauche comme de droite.

L’école fait la part belle aux mathématiques dont la dictature privilégie une forme d’acquisition des connaissances, comme la logique ou l’abstraction. Les laissés pour compte du système, ceux que langage populaire appelle les cancres, sont orientés vers les filières professionnelles. Le secteur de l’hôtellerie, de restauration et du tourisme manque cruellement de candidats. Les postes à pourvoir sont pourtant nombreux. La filière devrait embaucher 60 millions de salariés dans le monde d’ici vingt-cinq ans.

La peur du chômage est dans toutes les têtes, à commencer par celles des collégiens et des lycéens. Ce sentiment d’insécurité s’amplifie au moment des bouleversements économiques. Celle de 2008 ne finit pas de s’éterniser, à croire que le mal est plus profond qu’une simple crise financière, née aux États-Unis, doublée par une crise économique contaminant le monde. Après la chute du communisme avec l’implosion de l’URSS, le capitalisme a eu le tort de se croire triomphant. Il entretenait en lui les germes de sa propre disparition. La moralisation du système, voulue par certains dirigeants, aurait-elle suffit à le sauver ?

De quoi rêvent nos contemporains ? Gagner plus pour avoir plus serait-il un moteur suffisant pour réussir dans la vie ? On mélange les moyens et les finalités. L’argent n’est qu’un moyen, et la réussite ne se mesure pas forcément au nombre de zéros après le un sur un compte en banque. Le numérique n’est qu’un outil. Envisager le futur par le petit bout de la lorgnette technologique, c’est oublier que notre monde est plus complexe. Il aura certes besoin de développeurs, de programmeurs et de spécialistes de la sécurité des informations qui vont faire défaut dans les années à venir. Mais nous aurons toujours besoin d’artisans, de commerçants, de bâtisseurs, d’entrepreneurs, de producteurs. Nous aurons toujours besoin d’apprentis à qui transmettre des savoir-faire précieux, appartenant à la richesse de notre patrimoine.

Le réel n’est pas de ce monde, il est dans l’imaginaire et l’esprit créatif de chacun.

La motivation personnelle, le désir d’entreprendre et de créer dans le respect de l’environnement, de changer son monde positivement sont les ferments d’une révolution économique et sociale qui lentement se met en place. Si l’écologie n’est ni de droite ni de gauche, la prise de conscience des hommes de bonne volonté ouvre les portes d’une belle et nouvelle aventure pour l’humanité.