Le monde selon Orwell…

Aseptisé, censuré, contrôlé…

Quel rapport peut-il avoir entre des bonbons qualifiés de racistes en Suède et la dernière sortie de Jean-Paul Huchon sur les fous de l’Internet ?

À première vue, aucun !

La société Haribo a retiré du marché les bonbons en réglisse de la gamme Skipper Mix, considérés comme racistes en Suède. Les Scandinaves sont-ils, à ce point, sensibles aux bonbons noirs en forme de masques africains, amérindiens ou asiatiques, rappelant les arts premiers dont nous pouvons admirer la richesse au Musée du Quai Branly. L’histoire ne dit pas qui a émis l’idée qu’un tel bonbon pouvait véhiculer un message dégradant à l’endroit des populations africaines, amérindiennes ou asiatiques. N’est-ce pas par la connaissance d’autres cultures que l’homme s’enrichit ? Un bonbon ne pourrait-il pas avoir une fonction pédagogique en apprenant aux enfants à quoi ressemble l’art dans d’autres civilisations que la sienne ?

Des milliers d’enfants élevés au Banania ne sont pas devenus plus racistes pour autant. La marque ne faisait que mettre en exergue non pas le « bon noir », mais le courageux tirailleur sénégalais qui participa à la libération de la France. Aujourd’hui, la marque ne pourrait plus communiquer avec cette image au nom d’une certaine idée du racisme. Pourquoi ne pas interdire ce cher Uncle Ben’s ? Le riz serait-il moins amer sans son sourire.

S’il faut censurer, pourquoi s’arrêter en chemin.

Les aventures du président normal n’ont pas le même ressort comique que celles de Rabbi Jacob. Pour les uns, le président est un homme comme les autres. Mais pour certains, sa fonction exige de lui quelques sacrifices. Il ne faut pas oublier que le président de la République a un pouvoir de vie et de mort sur chacun d’entre nous, puisqu’en tant que chef des armées, il peut déclencher la frappe nucléaire. Il faut rappeler qu’avant l’abolition de la peine de mort le président détenait le droit de gracier un condamné. N’en déplaise à d’aucuns, être président c’est endosser une fonction qui transcende l’homme qu’il est. Jean-Paul Huchon s’en est vertement pris au monde de l’Internet. Les uns le qualifient de m… lorsque d’autres saluent ce dernier espace de liberté où l’information est diverse, foisonnante, débridée mais aussi parfois débile. Qualifier les internautes de fous n’est-ce pas un premier pas vers une censure à la chinoise d’un média qui échappe à tout contrôle ?

S’il faut désormais se garder de tout argument qui pourrait être mal interprété, étudier à deux fois ce que l’on diffuse, éviter de créer au risque de heurter la sensibilité de quelques-uns, que restera-t-il de la liberté d’expression ?

Quel monde voulons-nous pour demain ?

Un monde ouvert sur les autres, un espace d’échanges et de dialogues ou une société cloisonnée avec ses règles strictes et sa langue de bois, sous la tutelle des oligarques de la pensée ?