Payez pour nous… Peillon pour vous
Ou quand le sectarisme des uns ne vaut guère mieux que celui des autres et inversement
Certaines formules prêteraient à sourire, si elles ne renvoyaient pas à une réalité tragique. Prenons par exemple le capitalisme et le marxisme. On a pu lire que : « Le capitalisme est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le marxisme, c’est le contraire. »
On peut comprendre que cette phrase a un double sens. Elle dénonce le capitalisme et affirme que le marxisme est son opposé. Par contre, si l’on analyse la définition donnée du capitalisme sur l’exploitation de l’homme, on se rend compte qu’en reversant la proposition le marxisme est identique. Or, dans la réalité des faits, le marxisme à la sauce soviétique ou chinoise a bien été l’exploitation du peuple par des élites, en subrogeant un pouvoir en place par un autre tout aussi autoritaire. Le capitalisme n’a pas fait mieux. La crise économique et financière de ces dernières années en a montré les limites, et leurs séquelles n’ont pas fini d’empoisonner le système tout entier.
La force de l’humain est sa faculté d’adaptation. Il faut espérer que cette faculté-là murisse dans l’esprit de certains de nos dirigeants politiques, économiques ou financiers. Les poètes se sont adaptés depuis longtemps puisque, dans les sociétés à tiroirs comme la société française, ils font partie de ceux qu’on affuble de l’étiquette de « rêveurs ».
Les rêveurs ont pourtant été les moteurs du progrès, humain, scientifique, technique ou philosophique. Sans les rêveurs, les nations n’auraient guère évolué ni les mentalités. Le rêve est la voix de l’inconscient. Il en est également la voie. On peut rêver d’égalité et redouter l’égalitarisme. L’égalitarisme prône à gommer de force toutes les différences sans tenir compte de l’identité individuelle. La laïcité n'est pas non plus le laïcisme, pratiqué notamment en Turquie, et que certains ministres du gouvernement Ayrault prêchent inconsciemment.
Vincent Peillon déteste-t-il les catholiques ? Il avait dit en substance en octobre 2008 : « On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique. »
Il semble que ces propos soient en relation avec la promotion de son livre : La Révolution française n’est pas terminée. La mise en ligne de cette vidéo sur les réseaux sociaux en 2013 venait à point nommé lors du débat sociétal sur le mariage pour tous, qui avait vu les catholiques (et pas seulement) en première ligne.
Monter les religions les unes contre les autres n’est pas un signe d’intelligence. Peut-on d’un côté critiquer un humoriste pour ses traits ressentis comme offensants sans émettre des doutes sur les arguments d’un « philosophe » aujourd’hui ministre de la République. La Révolution française recèle de grandes zones d’ombre, débattues par les historiens et occultées par l’histoire officielle. Le danger des mots dits par Vincent Peillon, qui se prétend « franc-maçon », est de jeter le discrédit sur ces frères dits invisibles. Laïcité ne signifie pas antireligieux, n’en déplaise à certains qui pensent encore à abattre la calotte au nom de cette même laïcité. Mieux vaut parfois garder le silence…