La Crimée pourrait-elle devenir lacrymale ?
Errol Flynn dans la Charge de la Brigade Légère de Michael Curtiz (1936)
De l'Afghanistan à la Crimée (Bataille de Balaklava - Lord Cardigan)
Alors que, d'un côté, la diplomatie se joue dans les couloirs, sous les projecteurs Washington et Bruxelles inventent de nouvelles sanctions contre la Russie. La dernière en date est l'interdiction de séjour contre 13 dirigeants russes aux Etats-Unis et sur le territoire de l'UE.
Voilà de quoi faire trembler Moscou.
Au lieu de se demander pourquoi, par incurie politique, tout a filé en quenouille, les pseudo-gendarmes du monde n'en finissent pas de s'empêtrer dans leurs contradictions.
On peut leur envoyer le Kossovo en pleine figure, qui a créé un précédent. On a pourtant laissé impunément assassiner les Arméniens du Karabagh pour ne pas froisser le producteur de pétrole azéri. Cela rappelle étrangement l'indignation de Lord Curzon, à la fin de la première guerre mondiale.
Il aura fallu que ces montagnards prennent les armes pour sauver leur vie et occupent de facto 20% de l'Azerbaïdjan. On aura beau crier à l'illégalité de cette " invasion ", toujours est-il que la question n'est toujours pas réglée. Le potentat de Bakou pourra protester autant qu'il veut. Sa dernière trouvaille est de turquifier historiquement parlant - pour ne pas dire hystériquement - des terres qui n'ont jamais appartenu à ces ancêtres.
À l’intangibilité des frontières prêchée par les uns répond la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes des autres.
La Crimée est un tout autre morceau. Et il est fort à parier que les Ukrainiens eux-mêmes ne font pas tous bloc derrière le pouvoir de Kiev.
Il serait faux de penser que la Russie veut la guerre. Et même si Moscou semble isolé sur la scène internationale, l'Occident ne doit pas croire qu'il sortira intact de ces événements.
L'Ukraine souhaiterait entrer dans l'UE. Il faudra que tôt ou tard on en réfère aux peuples des pays de l'UE par voie de référendum. Le refus d'un pays entraînant la non-adhésion du nouveau candidat serait peut-être pour les uns un scandale. Mais, peut-on réellement donner un blanc-seing à des fonctionnaires de Bruxelles qui ne rendent de comptes à personne alors qu'ils engagent l'avenir de millions d'Européens.
Il serait sans doute temps de dissoudre cette UE, leurre pour les uns, carcan pour les autres.
Quant à la Crimée, n'est-ce pas à elle de décider de son destin ? L'Occident a trouvé en Gorbatchev un allié de poids inattendu. Si le dernier dirigeant de l’URSS faisait l’unanimité hors de son pays, il était décrié à l’intérieur des frontières soviétiques comme le liquidateur de tout un système. Il faut néanmoins bien décoder la conclusion de son message, occultée dans de nombreuses dépêches, sur « l'interruption de la perestroïka et dans la dissolution insensée de l'Union soviétique en 1991 » comme origine de la situation actuelle. Là serait une des clés des erreurs politiques dans la crise ukrainienne.