Du populisme…
Ou l’art de tromper le peuple à la dérive
D'un populisme à un autre... Des ruines de l'Europe à une Europe qui court à sa ruine
Politique vient de « polis », la cité en grec. La politique est l’art de gouverner la cité. La cité grecque était le centre de l’exercice de la démocratie qu’exerçaient les citoyens, à l’exception des barbares, en d’autres termes ceux qui ne parlaient pas le grec. La démocratie grecque ne reconnaissait donc pas le vote des « étrangers ».
La consultation publique ou référendum a fait partie des moyens de décision du peuple souverain. Dans une cité grecque ou un canton helvétique, le recours au référendum ne cause aucune difficulté majeure eu égard au nombre de citoyens appelés à prendre position. Pour les États les plus peuplés, l’organisation d’un référendum est nettement plus compliquée. Néanmoins, pour trancher de grandes questions sociétales ou institutionnelles, le référendum semble la voie de consultation la plus démocratique qui soit.
En 2005, le « non » français au traité de Maastricht lors du référendum n’a pourtant pas infléchi la politique européenne de l’exécutif français, ni la commission de Bruxelles. On a contourné la volonté du peuple par des traités négociés entre chefs d’États à Nice et à Lisbonne. L’élargissement de la CEE en 1973 à l’Irlande, au Danemark et au Royaume-Uni avait bien donné lieu à un référendum le 23 avril 1972. Le grand élargissement du 2004 a été décidé par les seuls représentants des 15 États membres, sans que ne soient consultés les citoyens de ces États.
Le non-respect des « nations » a multiplié la création de partis populistes, extrémistes voire nationalistes, écœurés de voir une coterie de fonctionnaires gérer le destin de millions d’Européens sans aucun contrôle ni mise en cause de leur responsabilité avec un Parlement doté d’un pouvoir sur ladite commission mais qui ne peut ou ne veut l’exercer.
Qu’il s’agisse de scrutins nationaux ou européens, le populisme est une manière habile d’utiliser les rancœurs des plus faibles, des plus démunis et de tous ceux qui s’estiment, à tort ou à raison, les laissés pour compte de la politique des grands partis. Ces indignés viendront grossir les rangs des beaux-parleurs, vendeurs de promesses sans lendemain qu’ils ne sauront pas plus les tenir que ceux qu’ils critiquent. Reste que les citoyens qui ne croient en rien ni en personne se réfugieront dans l’abstention, désertant le terrain à leurs voisins qui décideront en leur lieu et place.
Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps et la politique des miracles. Mais permettre aux sectaires, aux extrémistes et aux profiteurs de la détresse de s’imposer est tout aussi dangereux que de voir les partis traditionnels coupés de la société, plus préoccupés à régler des problèmes d’hommes ou des questions d’appareil. Entre l’opportunisme des uns et l’abandon des autres, n’y a-t-il pas la place pour penser une nouvelle façon de faire la politique hors des machines électorales et des mouvements de protestation permanente ?