É…Copé : L’UMP prend-elle l’eau

Les contes de la campagne

Naufrage... ou sauvetage in extremis ?

Politique et gros sous ne font pas bon ménage. Après le rejet des comptes de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy par le Conseil Constitutionnel. L’UMP avait dû demander à ses membres et adhérents de mettre la main au porte-monnaie afin d’éponger les 11 millions d’Euros non remboursés par l’État, dépassement de comptes oblige.

La société Bygmalion dont les dirigeants étaient des proches de Jean-François Copé auraient, peut-être sur ordre, gonflé leurs factures afin de masquer les dépassements des comptes de la campagne présidentielle de 2012. Cette affaire de Big Millions est venue fort opportunément ternir la réputation de l’UMP et plus particulièrement celle de son président, poussé à la démission par le bureau national.

La guerre des chefs entre Jean-François Copé et François Fillon se soldera donc par un knock-out financier, qui fera les choux gras du FN s’affichant déjà comme le premier parti de France. N’en déplaise à Marine, le premier parti reste celui des abstentionnistes avec 57% des inscrits, qui ont préféré rester bien au chaud plutôt que de se déplacer dans les bureaux de vote.

C’est à la fois fort regrettable mais très compréhensible. Regrettable que dans un pays où la démocratie peut s’exercer, les citoyens soient aussi peu motivés par les échéances électorales. La pédagogie, appelée aussi instruction civique, a dû être très mal faite ou bien peu comprise pour que plus de la moitié d’un électorat ne se sente pas concerné. Cette abstention n’a pas été seulement observée en France mais dans la totalité des pays européens avec 48% en moyenne en Europe occidentale contre 67% en Europe orientale en 2009. Le scrutin de 2014 ne devrait être guère meilleur, nonobstant une légère hausse. Il est étonnant que les anciens pays du bloc communiste soient à ce point fâchés avec les élections alors que le droit de vote leur avait été refusé dans le passé.

Il faut donc s’intéresser au compréhensible. La classe politique européenne (mais pas uniquement) ne fait plus recette. Le pouvoir de l’argent, les oligarques, les compromissions et les scandales en tout genre ont jeté le discrédit sur ceux qui se prétendent appartenir à une élite, alors qu’ils ne sont que les jouets de clans ou d’intérêts. Aucun leader charismatique ne se détache vraiment. Les politiciens sont devenus des affairistes, coupés de leur base comme du peuple qu’ils se disent représenter ou défendre. Le message ne passe plus. L’attente des citoyens est devenue plus grande, au point que beaucoup se laissent séduire par de nouveaux courants. Il y a bien entendu les sempiternels populistes qui surfent sur la vague du mécontentement. Mais, sans pour autant se prendre pour Cassandre, il est fort à parier que des mouvements humanistes, alternatifs et écologistes libérés des dogmatismes de l’écologie politique voient le jour afin de proposer une nouvelle donne.

L’UMP est aujourd’hui dans la tourmente face à une gauche affaiblie et un président de la République qui semble autiste dans le maelström des catastrophes annoncées. L’ancrage des populismes les plus extrémistes aux relents d’un ordre nouveau qui pensait régner mille ans est d’autant plus inquiétant qu’il séduit les jeunes autant que ceux qui ne se reconnaissent plus dans leurs dirigeants actuels. Si l’Europe vit une fracture qu’entretiennent des États-Unis sur le déclin, il faudra que les hommes de bonne volonté se lèvent pour prendre le relais.

Les comptes des partis (Lire l'analyse d'Olivier Berruyer - Crises.fr)