Crash du MH17 : Le missile de Poutine !
Ou comment jouer avec la douleur des autres est ignoble
La Chevauchée fantastique - Louise Platt, George Bancroft, John Wayne
Entre les tabloïds anglais et le premier ministre australien, la main de la Russie dans la catastrophe du vol MH17 ne fait aucun doute. À moins d’en être les auteurs, les dénonciateurs de la presse ou de la politique devraient se garder de tout commentaire incriminant une partie sans avoir la moindre preuve et avant toute enquête.
Qu’un avion de ligne ait été autorisé à survoler une zone de conflit semble déjà une première aberration. Personne n’en dit mot et pour cause. Les Occidentaux sont embourbés en Ukraine, en Afrique et au Moyen-Orient. En prenant le parti des pro-Maïdan, improprement présentés comme pro-Européens, l’UE et les États-Unis ont mis le doigt dans un engrenage infernal. Afin de préserver leurs intérêts, ils se sont appuyés sur des mouvements nationalistes armés pour discréditer de régime en place à Kiev et piéger la Russie. Ils ne pensaient pas que la Russie annexerait la Crimée, ni que leurs alliés nostalgiques du IIIème Reich se mueraient en tyran sanguinaire.
Les silences de l’Occident sur la tuerie d’Odessa ou le massacre de Kramatorsk sont autant d’aveux de culpabilité de ces apprentis-sorciers que leurs cris d’orfraie à propos du crash de la Malaysia Airline. Il n’y a que dans le monde des « Bisounours » que l’on continue à ignorer les ignominies des manipulateurs du système pour faire avaler des couleuvres au public.
Il suffirait d’imaginer un instant quelle serait la réaction de Paris, de Londres, de Berlin, d’Ottawa, de Canberra ou de Washington si une coterie d’extrémistes arrivée au pouvoir avec l’appui de l’étranger instaurait une ségrégation linguistique et culturelle, interdirait des partis politiques, molesterait des responsables locaux, pousserait des directeurs de l’information à la démission avec force coups.
Lorsque les Vendéens se sont soulevés contre la Révolution en 1793, ceux qu’on appelait les Bleus ont bien envoyé des forces pour réprimer l’insurrection. Les gentils Américains ont bel et bien massacré les Indiens comme l’avaient fait avant eux les Conquistadors en Amérique du Sud. Les contextes sont peut-être différents mais les résultats sont les mêmes : ségrégation, insurrection, répression.
Il est difficile d’échapper à ce bourrage de crâne qui pousse à stigmatiser l’autre pour le plus grand profit de quelques-uns. Avec le recul, on s’aperçoit comment nous avons pu être conditionnés dans notre enfance par le cinéma hollywoodien.
La Chevauchée fantastique (Stagecoach) est un western célèbre de John Ford qui révéla John Wayne au grand public. Ce film de 1939 avait été projeté dans la grande salle des fêtes de l’école dans les années 60. Une diligence emportant plusieurs personnes avec chacun leur histoire doit traverser un territoire dans lequel les Indiens sont sur le pied de guerre. On y retrouve les ingrédients de base avec de méchants indiens, des voyageurs ayant un secret, une diligence, des colts, un héros et la cavalerie. Lors de la scène finale de la poursuite de la diligence par les Indiens, les enfants criaient de joie à chaque peau-rouge abattu, puis l’hystérie collective atteignait son paroxysme avec l’arrivée salvatrice de la cavalerie au son du clairon.
Comment ne pas se poser la question sur la programmation de nos cerveaux d’enfants qui déjà stigmatisait l’Indien, ce peau-rouge sauvage comme le méchant de service et le cow-boy en mythique héros de l’ouest. Stagecoach avait toutefois son personnage trouble du joueur, représenté par Hartfield et son « bon » Ringo Kidd, évadé de prison. John Ford avait pris conscience de l’impact de ses films sur la jeunesse et le parti pris contre les Indiens au cinéma en réalisant quelques années plus tard « Cheyennes » en 1964.
Interrogé par Peter Bogdanovitch sur ce film montrant la dignité des Indiens, John Ford avait déclaré :
« C'est sans doute une réaction inconsciente, mais c'est en effet un peuple très digne - même lorsqu'il a été battu. Naturellement, ce n'est pas très populaire aux États-Unis. Le public aime voir les Indiens se faire tuer. Il ne les considère pas comme des êtres humains, possédant une profonde culture, différente des nôtres. Si vous regardez les choses en détail, vous découvrirez pourtant que leur religion ressemble en de nombreux points à la nôtre. »
Les Indiens passent mais les méchants restent en changeant de visage. Quant au public, il continue à voir le méchant comme la négation de l’humanité, alors que le monde n’est ni vraiment noir, ni vraiment blanc.