Et après… Je marche seul ?

La tentation machiavélique

Historique ! Inouï ! Paris, capitale du monde ! Un comptage impossible ! Que de superlatifs pour qualifier la marche Républicaine du dimanche 11 janvier 2015. Avec près de 4 millions de personnes (3.700.000 selon les estimations) qui ont défilé en France, on aurait dépassé un seuil symbolique depuis la Libération. La communion d’un peuple debout, c’est ce que les médias ont bien voulu mettre en avant. Une communion, certes. Mais sur 66 millions de Français, les esprits chagrins diront de presque 4 millions de manifestants ne n’est pas grand-chose.

Alors que les projecteurs étaient sur Paris (mais Paris n’est pas la France, c’est un ex-Parisien qui vous le dit), les villes de province ont aussi connu ce même engouement pour la Liberté. Mais quelle Liberté ?

La Liberté d’expression est sacrée en France, tant qu’elle ne heurte pas à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Cela constitue un premier garde-fou qui, diversement interprété, peut donner lieu à la censure. Qu’on l’aime ou pas, Dieudonné avait fait les frais de ses saillies antisémites s’immisçant dans la polémique entre Patrick Cohen et Frédéric Taddéï. Ce dernier défendait l’idée d’inviter sur son plateau des personnalités contestées comme Alain Soral, Tariq Ramadan, Édouard-Marc Nabe (fils de Zannini) ou Dieudonné, ce que critiquait le journaliste de France Inter, qualifiant ces personnes de « cerveaux malades ».

La provocation a toujours été utilisée afin de faire sortir les individus de leurs gonds. L’antisémitisme est tout aussi critiquable que l’islamophobie. Tout amalgame est, je ne répéterais jamais assez, condamnable. Le risque est aujourd’hui que, saisissant l’opportunité d’une posture sécuritaire, les autorités, les politiciens, les parlementaires exploitent la peur en édictant des lois liberticides. Ce serait un comble que pour protéger la Liberté, on en arrive à entraver les libertés. La tentation d’un Patriot Act à la française fait déjà son chemin dans l’esprit de certains.

Après six siècles passés génétiquement dans l’Empire ottoman comme Dhimmi (citoyen non-musulman considéré sous protection), issu d’une famille ayant choisi de vivre en France parce que francophile convaincue, avec des relations étroites entre les cultures juive et musulmane, on ne peut qu’être sensible à la diversité et à la tolérance.

Le nationalisme est un cancer ; le fanatisme une aberration. Personne n’a le droit de m’obliger à renier mes opinions. Personne n’a le droit de me chasser de gré ou de force de mon pays et me forcer à migrer vers la terre de mes ancêtres, où je ne suis pas né. Personne n’a le droit de m’imposer sa façon de vivre car il ne veut pas accepter de vivre comme un citoyen de mon pays. Personne n’a le droit de m’obliger à me taire.

L’appartenance à une culture, à une communauté ethnique ou à une religion ne doit pas diviser les hommes mais les rapprocher parce qu’ils sont avant tout des citoyens, et surtout des êtres humains.