La farce économique allemande…

Force illusoire

Berlin reproche à la Grèce sa crise économique alors qu’elle refuse de voir son déclin qu’elle a dans l’œil. L’allégorie de la paille et de la poutre peut sembler ironique pour ceux qui voient en l’Allemagne un pays fort économiquement dans une zone Euro en pleine turbulence. Il faudrait rappeler aux économistes de salon qui sévissent dans nos médias quelques points historiques qui expliquent que, nonobstant la ténacité du peuple allemand, rien n’aurait pu être sans une aide extérieure.

L’arrivée à la Chancellerie d’Adolf Hitler en 1933 a été le déclencheur d’une machine infernale qui a ruiné l’Europe entière, la rendant exsangue. Certes, la guerre a été mondiale, mais l’Europe en a payé le prix le plus fort. Et les cartes ont été redistribuées à Yalta entre les grandes puissances du moment : Les États-Unis, la Grande Bretagne et l’Union soviétique.

En Europe, l’Allemagne représentait une menace pour la Grande Bretagne, dès le début du 20^ème siècle. Après la période napoléonienne et la défaite de Waterloo, la France, malgré son Empire, n’était plus un réel danger pour Londres. Le soubresaut de 1852 avec l’avènement du Second Empire créera une illusion de renaissance, qui avec l’Entente Cordiale se scellera dans le sang en Crimée. Sedan signera la fin des ambitions françaises.

1918 a marqué la fin des Empires et la résurgence des revendications nationales. Rivaux durant des siècles, les Empires Austro-Hongrois et Ottoman se verront réduits à la portion congrue de l’Autriche et de la Turquie ; cette dernière saura néanmoins tirer les marrons du feu.

Quid de l’Allemagne, qui bafouée par le Traité de Versailles, n’aura que la revanche au cœur de ses plus nationalistes partisans ?

Berlin devrait fouiller dans les poubelles de son histoire. Condamnée à Nuremberg pour la Shoah, l’Allemagne devrait se remémorer qu’en 1914 elle avait équipé et encadré l’armée ottomane. En 1915, elle avait fermé ses yeux complices sur la tragédie génocidaire frappant Arméniens, Assyro-chaldéens, Grecs pontiques et Syriaques. Assumerait-elle encore les propos de son Kaiser Guillaume II qui demandait à son ami Talaat Pacha de lui réserver le dernier des Arméniens afin de le faire empailler pour l’exposer dans un musée.

Réduite en cendres en 1945, l’Allemagne s’est redressée. Certes ! N’oublions pas que l’infrastructure industrielle allemande détenue par des capitaux étrangers a été remarquablement épargnée, selon de nombreux témoins. Ainsi, l’usine Kodak à Berlin ne sera pas touchée par les bombes. Que dire enfin de l’impunité d’IG Farben, fournisseur du sinistre Zyklon-B qui continua à survivre démembrée afin de continuer à assurer à l’Allemagne une suprématie dans le domaine chimique.

Sans la contrainte d’un budget militaire, bénéficiant de la protection de l’Otan, l’Allemagne sous perfusion américaine a pu se développer économiquement. A-t-elle seulement versé des dommages de guerre à la Grèce dont elle critique aujourd’hui la gestion ? A-t-elle la moindre reconnaissance envers le pouvoir russe, qui du temps de l’Union soviétique de Gorbatchev a permis la chute du Mur et la réunification allemande ? A-t-elle renoncé à son arrogance envers les peuples non-germanophones qui n’appartiennent pas à la Nation ? A-t-elle vraiment tué la bête immonde qui contamine les esprits de Washington à Mossoul ?

La zone Euro est le dernier avatar de la farce économique que nous sert l’Allemagne, mais qui ne tardera pas à faire illusion dans un pays en déclin démographique, incapable de raisonner sainement tant ses élites comme toutes les élites occidentales ont perdu le sens des valeurs humaines.