La société digitale ou les faux-semblants du progrès…
Vers la déshumanisation de la pensée
Notre société occidentale policée, du moins en apparence, semble se satisfaire de plus en plus des progrès technologiques présentés comme la solution de ses problèmes. Ainsi, l’omniprésence du digital envahit nos foyers ainsi que nos entreprises pour devenir l’outil indispensable de l’organisation de nos vies. La télévision s’est emparée du sujet sous différents aspects. La série Person of Interest nous emmène dans une vision sécuritaire gérée par les machines où l’homme devient soit victime, soit coupable d’actes non-pertinents au regard des autorités, jusqu’à ce que des politiciens soient convaincus d’en étendre le pouvoir afin de contrôler les populations.
Pendant des siècles les sociétés ont cherché à se protéger en construisant des murs, forts, forteresses, châteaux tout en érigeant les murs invisibles des frontières, les séparant de leurs voisins.
De murs en murs, les sociétés ont voulu se cloisonner afin de préserver leur entité, leurs intérêts, leur population, leur culture et leurs richesses. Visibles ou invisibles, ces murs se sont également érigés dans les esprits, rendant les hommes de plus en plus égoïstes et individualistes.
« La propriété, c’est le vol ! » proclamait Proudhon pour qui l’appropriation d’un bien au profit d’un homme ou d’un clan privait la collectivité des hommes de la jouissance d’une richesse qui ne pouvait qu’être partagée par tous. La société capitaliste s’est construite sur des murs, le système collectiviste n’a guère fait mieux, malgré ce qu’en pensait Proudhon.
Pourtant, dans l’illusion de la protection de nos murs, nous avons laissé entrer dans nos foyers les technologies intrusives avec le téléphone puis la radio, la télévision et l’ordinateur. Internet et la révolution numérique est devenue l’outil incontournable dans nos sociétés, puisque sans ordinateur ni Internet des pans entiers de notre économie s’effondreraient comme un château de cartes.
Serait-on aujourd’hui capable de faire fonctionner l’État et ses administrations, la Bourse et les banques, les entreprises et les transports sans ordinateur ni Internet ? Fort de ce constat, certains ont imaginé, et imaginent encore, un avenir où les machines remplaceront non seulement les hommes – ce qui est déjà en marche – mais également la pensée, l’intelligence et le raisonnement humains. Nos libertés sont d’ores et déjà surveillées par des machines, comme nos conversations, nos courriers électroniques (par un contrôle permanent), nos écrits dès qu’ils sont stockés sur nos disques durs (que sait-on en effet des intrusions sur nos systèmes informatiques qu’aucun logiciel de protection ne détecte ?).
Le choc des civilisations est-il entre l’Occident où l’homme n’a plus sa place et l’Orient où le même homme est pour les uns au centre et pour les autres une quantité négligeable juste bonne à faire un martyr ? Le choc des civilisations est-il entre le fanatisme religieux des uns et l’extrémisme technologique des autres ? Ne serait-il pas temps de repenser nos sociétés avec un regard plus humain ?