Erevan deviendrait-il un nouveau Maïdan ?
Pour se faire une idée de la situation
Les Révolutions colorées se révèlent être un piège infernal qui, loin de libérer les peuples, les plongent dans un chaos encore plus dangereux.
Les naïfs ou les partisans patentés de ces fausses révolutions jetteront un peu plus d'huile sur le feu pour pousser les populations à la désobéissance civile et utiliseront les médias comme caisse de résonnance du bien-fondé des soulèvements.
L’isolement de la Russie est le véritable objectif de ces mouvements qui, même s’ils sont sincères et spontanés, seront vite détournés.
C’est ce que Paul Craig Roberts dénonce depuis des mois ; il craint aujourd’hui la contagion en Arménie. La diaspora arménienne doit rester vigilante et ne pas donner dans le lacs. L’Arménie est un pays encerclé, ne pouvant compter que sur deux alliés, la Russie et l’Iran.
MAFP vous livre sa propre réflexion sur le sujet :
MANIFESTATION PACIFIQUE OU RÉVOLTE ANTIGOUVERNEMENTALE EN ARMÉNIE ? - Par MAFP
Depuis plusieurs jours, des milliers de manifestants ont investi les rues d’Erevan pour protester contre l’augmentation du tarif de l’électricité en Arménie. Un cordon de police avait bloqué l’avancée des manifestants qui avaient occupé l’avenue Baghramian, le 23 juin 2015. Des heurts entre les manifestants et la police furent à déplorer et plusieurs personnes arrêtées. Cependant, les interventions du chef de la police et de quelques députés du Parlement permirent de calmer les esprits et, dès le lendemain, les manifestants arrêtés furent libérés.
La télévision arménienne relatait la manifestation, on entendait les cris de « Azad Angakh Hayastan » et « La police avec nous ». Cette manifestation allait-elle se muer en une révolte antigouvernementale ?
À plusieurs reprises, l’opposition politique en Arménie avait essayé de conquérir le pouvoir lors des différentes élections mais sans le moindre succès. Ce mouvement de protestation ne risque-t-il pas d’être justement récupéré par ces déçus du scrutin ? L’opposition ne mise-t-elle pas sur l’intervention d’une force étrangère pour soutenir son action ? Erevan va-t-elle devenir une sorte de Maïdan arménien ?
Suivant notre ligne de conduite, il est hors de question de nous immiscer dans les affaires intérieures de l’Arménie, cependant lorsqu’un danger se dresse ou que l’avenir du pays en dépend, nous ne pouvons pas rester indifférents. Déjà en octobre 2009, MAFP avait été la seule association en France à soutenir le protocole d’accord sans préalable arméno-turc signé à Zurich. La non-validation de cet accord par le Meclis d’Ankara fut une gifle donnée par la diplomatie arménienne à la Turquie.
Nos ennemis nous guettent, la moindre défaillance ou dérive de l’appareil d’État peut faire tomber le pays dans l’abime. Rappelons-nous de l’accord de Sèvres, signé avec les pays occidentaux en 1920 qui était profitable à l’Arménie ; malheureusement, les parlements des pays occidentaux ne le validèrent jamais. En revanche, ces mêmes pays signèrent en 1923 avec la Turquie le traité de Lausanne qui devait supprimer tous les avantages qu’offrait le traité de Sèvres aux Arméniens.
Aujourd’hui, que cherche l’opposition avec ces manifestations ? Abandonner la protection de la Russie pour se réfugier sous le parapluie de l’OTAN ? Cette option serait tout à fait ridicule, car l’Arménie, hormis son savoir-faire, son intelligence et son courage n’a rien d’autre à offrir aux autres ; elle ne dispose ni de pétrole, ni de gisements de gaz. Seule sa position stratégique, en tant que porte d’entrée du Caucase, riche en hydrocarbures, pourrait intéresser les Occidentaux.
À ce jour la politique réfléchie et équilibrée du gouvernement d’Arménie est le seul garant de l’intégrité du pays ; les aléas économico-politiques font le jeu d’existence de chaque pays.
Aucun pays n’est à l’abri d’un bouleversement dans son existence. En 2007, la première puissance mondiale, les États-Unis se sont retrouvés au bord de la faillite et ne furent sauvés de la banqueroute que grâce aux dizaines milliards de dollars prêtées par la République Populaire de Chine.
Il serait sage que les personnalités et les associations arméniennes de la Diaspora ne fomentent pas des actions en diffusant de fausses nouvelles pour dresser la population contre l’État. Les nostalgiques Arméniens qui ont quitté le pays et se sont organisés à l’étranger pour agir au renversement du gouvernement officiel de l’Arménie trouveront très facilement des alliés. S’ils veulent mener une campagne pour améliorer le sort de la population du pays, il faut retourner en Arménie pour mettre au point leur projet dans le cadre des institutions d’Arménie. C’est tout ce qu’on souhaite.
Nersès Durman-Arabyan
Paris juin 2015