L’Empire se meurt…

Ou les dessous d’un suicide collectif

Peut-on continuer à imposer un modèle imaginaire au monde, alors que tout est remis en question autour de soi ?

Le modèle américain a séduit bon nombre de nos élites, moins les intellectuels taxés à gauche pour qui le modèle était plutôt communiste. André Glucksmann ne jurait en son temps que par le maoïsme qu’il dénonça ces dernières années, prouvant qu’on peut se tromper dans sa jeunesse et avoir un avis différent l’expérience aidant. Le philosophe vient de nous quitter. Paix à son âme.

L’implosion de l’URSS a laissé le champ libre à l’ultra-libéralisme prôné par Washington pour qui la fin du communisme en Russie et dans les Républiques satellites a été vue comme une victoire du « Bien » contre le « Mal ». Les États-Unis ont cette fâcheuse tendance de considérer le monde en une confrontation bipolaire, sans se rendre compte que ce monde-là est plus complexe qu’ils ne l’imaginent.

Au 13^ème siècle, l’Empereur mongol n’envisageait pas les relations de son Empire différemment ; un roi étranger devenait son vassal, quelle que soit la distance du royaume de ce dernier avec l’Empire, ou, s’il refusait toute allégeance, devenait un ennemi de l’Empire. Joinville, l’émissaire de Saint-Louis auprès du grand Khan refusa la soumission du Royaume de France à l’Empire. Certes, la France ne fut pas envahie par les hordes venues des steppes, mais elle ne put compter sur l’alliance des mongols lors de la 7^ème croisade. De son côté, le roi arménien Hétoum II (Royaume arménien de Cilicie) fit le choix inverse du Français Joinville et accepta de devenir le vassal du grand Khan. Cette alliance permit aux Arméniens de libérer Jérusalem en 1300 avec l’appui de Mongols de Cazan.

L’Empire de Gengis Khan n’est plus qu’un lointain souvenir. Pourtant, il menaça l’Europe pendant des siècles et il suscite encore un rêve pantouranique depuis 1915 chez les dirigeants turcs.

La force des États-Unis ne réside pas dans son économie mais dans l’idée que les autres nations se font de la puissance américaine et que véhiculent parfaitement les médias américains, télévision, cinéma et Internet, ainsi que dans la crainte d’une menace militaire. Or, les dernières campagnes militaires américaines n’ont guère été auréolées de succès. Le chaos au Proche et au Moyen-Orient comme en Afghanistan en est hélas la démonstration éclairante de la faillite voulu par les NeoCons de Washington afin d’enrichir le lobby militaro-industriel tout en pesant sur les États-liges de la région (Jordanie, Turquie, Monarchies du Golfe).

Cette stratégie a un coût. Et la récente intervention de la Russie dans ce jeu de massacre bouleverse la donne. Comme il est difficile de combattre la Russie par les armes, les stratèges américains utilisent d’autres moyens, telle cette affaire de dopage généralisé au sein de la Fédération russe d’athlétisme très opportune alors que sur le terrain diplomatique et militaire Washington a perdu la face.

Mais comme dit l’adage : « Rira bien qui rira le dernier. »