Entre amnésie et aveuglement...
La posture du refus suicidaire
Le 13 novembre ne nous aurait-il rien appris ? Après les réactions quasi unanimes d'une population traumatisée, celles des dirigeants et de la classe politique ne semblait qu'une collusion de circonstance où ni la résonance d'une Marseillaise ni les postures sécuritaires n'ont réellement fait illusion. En emboitant le pas de l'exécutif par un vote pur et sans tâche pour plus de frappes et moins de liberté, qui le congrès réuni à Versailles croit-il sanctionner ?
Le but des terroristes ne serait-il pas atteint ?
La force de certaines nations se forgeant dans l’adversité, on aurait également cru à un sursaut de solidarité et de fraternité au sein de la population, notamment à Paris, cible de ces odieuses attaques terroristes. Or plusieurs semaines après cette tragédie et l'apparente cohésion nationale, les postures individualistes, indifférentes ou sectaires semblent refaire surface.
Certains auraient pensé au contraire que le choc aurait pu provoquer une évolution voire un retournement des mentalités. Le traumatisme à peine digéré, les citadins se sont refermés sur eux-mêmes.
N'est-ce pas le signe d'une amnésie galopante ?
Certes, se cloîtrer dans l'effroi ou le deuil n'est guère plus concevable. Mais on aurait pu imaginer un changement de regard, en lieu et place d'une suspicion généralisée, entretenue par les médias.
La défection de la moitié de l'électorat lors des Régionales de décembre 2015 nous confirme le divorce entre le politique et le peuple français. En se réfugiant dans l'abstention, les électeurs marquent leur refus d'un système qui ne répond plus à leurs attentes. Et plus que tout, ils ne voient plus la nécessité d'utiliser leur bulletin de vote pour avoir droit au chapitre. Pourtant, cela est une erreur !
Même en considérant que tout scrutin conduit à un détournement de pouvoir, les promesses n'étant jamais tenues, l'abandon du champ électoral aux seuls votes protestataires mène en fin de compte à une privation de sa propre liberté par ceux-là mêmes rassemblant les suffrages de la contestation en recourant un populisme dangereux.
Au pied du mur, une fois au pouvoir, se montreront-ils plus capables de résoudre la crise que ceux qu’ils s’évertuent à critiquer sans jamais prendre la moindre responsabilité ?
Qui serait prêt à en prendre le risque ?
À moins que, comme tous les autres avant eux, ils ne se fracassent contre le mur des réalités.
La reconnaissance du vote blanc ou nul assorti de l’obligation de voter donnerait une image plus réaliste de la représentativité des partis. Ou un vote pour des partis, des listes ou des candidats appartenant à des formations moins médiatisées permettrait de sortir d’un bipartisme de façade. Enfin, une implication plus forte des citoyens dans la vie politique ou associative comme dans une nouvelle façon de faire de la politique aiderait à canaliser ceux qui ne croient plus en rien de l’assistance ou de l’attentisme à devenir acteurs de leur destin et plus de simples spectateurs désabusés de la société.