Régner par la peur et la violence…
Afin de pouvoir mieux museler les oppositions
La Haine - M. Kassovitz
Alors que la compétition footballistique envahit les médias à l’occasion de l’Euro 2016 en France, des hordes alcoolisées se livrent à une guerre civile dans les rues de Marseille ou dans les stades. Voilà la triste illustration d’une société qui a banalisé la violence, oublié le sens du respect comme du travail, en vivant sur la peur qu’elle exacerbe en tant qu’outil de domination des masses.
Mêmes les frondeurs du parti socialiste n’osent pas aller au bout de leurs idées afin de préserver une futile investiture. La peur du chômage est plus forte que le courage politique. Mais la droite n’a rien à y redire. La lâcheté n’a pas de bord.
Les médias font leur besogne en relayant, au nom de l’information, l’horreur, l’innommable, le catastrophisme ambiant, la tuerie la plus meurtrière outre-Atlantique à Orlando en Floride ou le meurtre odieux de deux policiers à Magnanville dans les Yvelines avec force détails scabreux.
Cette fascination de la mort, ressentie comme un jeu de cache-cache avec le danger s’exprime dans la rue, lors des manifestations où des groupuscules de casseurs profitent de l’opportunité pour semer le désordre, jetant sur les manifestants la condamnation des esprits bien-pensants.
Casseurs, hooligans ou loups solitaires se revendiquant d’un flou terroriste, tous œuvrent dans la même direction, celle du pouvoir en place, de l’autorité sécuritaire et liberticide, donnant aux plus réactionnaires de la société des arguments pour renforcer le répressif.
Aux États-Unis, la société s’est créée par les armes et sera détruite par elles. Aucun contrôle n’y changera rien, ni sur l’achat des armes, ni sur les flux migratoires. À force de vouloir s’immiscer, officiellement au nom des droits de l’Homme, dans le destin de pays étrangers à leur culture et à leur mode de vie, les États-Unis ne font que défendre des intérêts économiques et stratégiques pour satisfaire une petite oligarchie qui a mis les politiques à ses ordres.
L’Europe ne fait guère mieux. Et l’UE vampirise les souverainetés nationales en se mettant au service des lobbies et de la finance internationale.
Mieux vaut taper sur la Russie, la Chine ou la Corée que de regarder ses propres erreurs.
Les exclus, de plus en plus nombreux, lassés de la violence des institutions et de la peur instillés dans les esprits, se laisseront séduire à leur tour soit par la violence en alimentant le cycle infernal, soit se mureront dans l’abandon et le silence. Il reste toutefois la possibilité d’un effondrement du système que craignent les tenants actuels des pouvoirs en place. C’est parce que cette mise à plat les effraient qu’ils jouent sur nos peurs et suscitent la violence des plus fragilisés.