À 2 mais…
Ou au 2 mai
Selon certaines sources reprises notamment par l’Express, le destin d’Edouard Philippe serait définitivement scellé par l’Élysée. Le président de la République envisagerait un remaniement dont le premier ministre actuel serait la victime désignée.
Cela ne fait que confirmer la crise politique française que l’épisode du Covid-19 viendrait amplifier. Contesté dès son élection comme président de la République, Emmanuel Macron est loin d’avoir fait l’unanimité.
Avec une abstention historique de 12 millions d’électeurs et 4 millions de votes blancs ou nuls, le nombre de suffrages exprimés au second tour de la présidentielle, le 7 mai 2017, était de 31.308.603 (pour 47.582.183 électeurs inscrits) soit 65,95 % du corps électoral.
Réunissant 20.743.128 voix, Emmanuel Macron était largement élu contre Marine Le Pen avec 10.637.475 suffrages. Toutefois, rapporté au corps électoral, le score du vainqueur n’est que de 43,95 %.
Était-il dès lors légitime ? Si l’on se réfère à l’idée que la légitimité est la qualité de ce qui est fondé en droit, en justice, ou en équité, en l’espèce la loi électorale, la réponse est affirmative. Le candidat Macron avait réuni un nombre suffisant de suffrages pour accéder à la magistrature suprême. Cependant en étudiant de plus près le contexte, et notamment la fabrication du candidat Macron, on peut légitimement se poser des questions.
À l’origine, Emmanuel Macron est un haut-fonctionnaire des Finances, issu de l’ENA. Passé par la banque Rothschild comme son illustre prédécesseur Georges Pompidou, il a été ministre du gouvernement d’Emmanuel Valls sous la mandature de François Hollande.
Candidat sans parti ni argent, Emmanuel Macron a réussi le prodige de fédérer derrière lui des bailleurs de fonds, des hommes politiques de tous horizons y compris, l’occasion faisant le larron, de vieux soixante-huitards qu’on n’aurait jamais imaginé côtoyer un ancien banquier. Fort de ses adeptes, Emmanuel Macron jetait les bases d’un nouveau parti, en partant de rien : En Marche ou LREM, La République En Marche ou, en caricaturant à peine, La République d’Emmanuel Macron. L’acronyme dissimulerait-il une hypertrophie de l’Ego ?
Bénéficiant du soutien dithyrambique de la presse et des scandales éclaboussant François Fillon, son plus redoutable adversaire, les dés seront jetés pour un second tour scénarisé contre la candidate d’extrême droite. Sans égaler dans une configuration identique le triomphe de Jacques Chirac en 2002, digne d’une république bananière avec 82% des voix, le plus jeune président de la République depuis Louis-Napoléon Bonaparte en 1848 savourera sa victoire, pharaoniquement mise en scène devant la Grande Pyramide du Louvre.
Les fantômes de Georges Pompidou et du futur Napoléon III devraient pourtant interpeler notre actuel locataire de l’Élysée ; le premier n’a pas fini son mandat ; le second a fomenté un coup d’état en 1852, soit 4 ans après son accession au pouvoir. Entre mandat interrompu et tentation impériale, ne devrait-on pas nous en inquiéter ?
En politique, les mois de mai peuvent être ravageurs, et rien ne préfigure que celui de 2020 pourrait y échapper.
Sous la Cinquième République, le premier ministre, chef du gouvernement, endosse le rôle de fusible au sein de l’exécutif. Jacques Chaban-Delmas en avait fait l’expérience en 1972 sous Georges Pompidou ou Jacques Chirac avec Valéry Giscard d’Estaing en 1976.
Édouard Philippe sait désormais qu’il est sur la sellette. Ou il le serait ! Quoiqu’il en soit, le président veut reprendre la main. Le tout est de savoir si le virus, la rue, les Français ou l’intervention des extra-terrestres lui en laisseront le temps.
M. Gorbatchev avait été le liquidateur de l’URSS, Emmanuel Macron pourrait être celui de la Cinquième, voulue par le Général de Gaulle. Néanmoins, la situation de la France n’est pas isolée.
Notre Monde vit une crise durable et profonde, les tenants d’une économie virtuelle qui s’effondre, une oligarchie aux abois s’acharne à préserver jalousement ses acquis et les acteurs du quotidien de l’économie réelle sont maintenus, de gré ou de force, sous la domination des premiers. L’ultra-libéralisme est une des pires catastrophes qu’ait créée l’Humanité. Anéantissant tout pour le profit de quelques-uns, il est grand temps qu’il disparaisse à tout jamais.