Double « Je »

Pour un double Jeu

Du Dr Jekyll à Mr Hyde et du Dr Renaud à Mister Renard en passant de Gainsbourg à Gainsbarre ou de Romain Gary à Émile Ajar, nous sommes tous à la fois unique et un autre nous-même. Si l’individu est indivisible, la personnalité peut être multiple. Ne vient-il pas de « Persona » ou masque ?

C’est le personnage de théâtre, l’acteur grimé qui endosse un rôle pour se produire devant un public. Le temps d’une pièce, il n’est plus lui mais un autre être.

Le marketing utilise toutes sortes d’artifices pour convaincre d’acheter. La technique du Persona permet de reproduire un consommateur type. Sujet fictif ayant des attributs et des caractéristiques sociales et psychologiques représentant un groupe cible, le Persona participe à une identification. Mère de famille, étudiant, retraité ou artisan, selon la représentation, chacun s’y reconnaîtra

Tout homme a un besoin de s’identifier à un autre alors qu’il ne se connait pas soi-même. N’aime-t-on pas se comparer à un aîné, à un modèle, si possible célèbre ? Enfant ne s’est-on pas déguisé en Zorro, Robin des Bois, Princesse ou Fée ? Qu’importe qu’il s’agisse d’une figure historique, d’un héros littéraire ou cinématographique.

Le danger est de perdre sa propre personnalité en se laissant vampiriser par l’image projetée d’un autre qui n’est pas réellement soi. Ne sera pas Mozart qui veut. Pourtant, la tentation est parfois grande d’adopter un costume qui n’est pas le sien, que ce soit dans la même famille ou non. Un Napoléon peut en cacher un autre, en mieux ou en mal. Enfant, Hugo rêvait bien d’être Chateaubriand : « Je veux être Chateaubriand ou rien. »

L’Ego est un jeu de déconstruction. Surdimensionné, il confine à la vanité. « Être ou ne pas être, là est la question. » Qui suis-je ?

Un créateur peut avoir plusieurs facettes, Ingres avait bien un violon. Romain Gary reçut deux fois le Goncourt sous des identités différentes avec Les Racines du ciel (1956) et La vie devant soi (1975).

J’aime le double « Je » qui permet un double jeu :

• Côté romancier, S.K. Durman vous embarque pour des voyages imaginaires, où peuvent se mêler histoire et ésotérisme.
• Côté blogueur, Arkantz s’essaie à la polémique, décoche quelques flèches, jongle avec les mots pour dénoncer les maux.

Et vous, quel est votre double ?