Aucun Musulman turc n'a été déporté à Dachau ou à Auschwitz
Aucun Musulman turc n'a été déporté à Dachau ou à Auschwitz. Dans les documents fournis, l'ETU mêle les persécutions nazies et une lettre du rabbin Isaac Zarfati, né en Allemagne, invitant vers 1454 ses coreligionnaires à le rejoindre en Turquie où il vit et où '' rien ne manque ''.
'' L'Union turque européenne (ETU) veut ériger un monument en souvenir des '' Turcs musulmans et juifs victimes du camp de concentration de Dachau '' ! C'est une tromperie à nulle autre pareille '', déclare Haïm-Vidal Sephiha, professeur émérite, Université de Paris-Sorbonne, à GIN.
Et d'ajouter : '' Il n'y a eu aucun Turc musulman déporté à Dachau ou à Auschwitz. C'est une manœuvre pour la Turquie afin de se faire admettre dans l'Union européenne. Voici quelques décennies, Franco cherchait la reconnaissance des Nations unies : il a fait état du nombre de Juifs sauvés par le gouvernement espagnol durant la Seconde Guerre mondiale.
Il y a quelques années, la délégation turque au Conseil de l'Europe avait invité un groupe de chanteurs judéo-espagnols d'Istanbul afin de se produire à Strasbourg et de faire valoir la grande tolérance de la Turquie à l'égard de ses minorités.
Or, en 1942, sous le pouvoir de Ismet Inonu, un impôt extraordinaire - varlik vergisi - a frappé tous les Turcs proportionnellement selon leurs particularités : les Turcs arméniens étaient plus taxés que leurs concitoyens musulmans, et les Juifs turcs étaient énormément taxés. Nombre de Turcs ont été contraints de vendre leurs biens pour s'acquitter de cet impôt, et souvent déportés aux confins de l'Erzéroum, afin de casser des blocs de pierre. Beaucoup y sont morts. Les Juifs turcs ont eu peur et, dès la création de l'Etat d'Israël, ont fui leur pays. Il ne reste que 20 000 Juifs en Turquie.
La Turquie a laissé déporter ses citoyens juifs sans intervenir. Les Juifs turcs qui n'avaient pas de relation avec la Turquie ont été déportés comme juifs. Mes parents turcs ont été déportés dans des camps de concentration, après moi.
Les Femmes turques de Belgique et leurs enfants ont été envoyés à Ravensbruck. Les hommes turcs ont été envoyés, comme Turcs, à Buchenwald, et peu avant l'arrivée des Américains, ils ont été envoyés dans les trains de la mort jusqu'à Dachau où mon père est mort au lendemain de la libération. Nombreux sont ceux assassinés au cours de ce périple.
Le 28 février 1945, les femmes turques et leurs enfants, dont ma mère, ma tante et mes deux sœurs, ont bénéficié d'un accord entre la Turquie et l'Allemagne : l'Allemagne a échangé les femmes turques de Ravensbruck contre des prisonniers allemands. Elles ont voyagé jusqu'à Moda (Turquie), où elles ont été assignées à résidence et n'ont pas été rapatriées dans leur pays d'origine. A mon retour de déportation, avec mes 40 kilos, je suis allé à l'ambassade de Turquie où on m'a dit : '' Vous n'avez rien à dire. Vous êtes considéré comme un déserteur ''. J'ai répondu : '' J'ai été déporté. Vous êtes les déserteurs. Vous n'avez rien fait pour me sauver '' .
'' Dans la liste du camp de concentration de Dachau figurent les noms de 25 prisonniers turcs dont quatre y sont morts. Près de la salle commémorative principale du Mémorial sont fixées de petites plaques pour des groupes de prisonniers. L'Union turque européenne (ETU) nous a demandé si elle pouvait y ajouter une plaque en hommage aux prisonniers turcs à Dachau. Lors de la cérémonie du 16 septembre, seront présents le Ministre bavarois de la Culture et des Affaires sociales, le Rabbin de Munich et le Maire de Dachau '', répond Dr Gabriele Hammermann, un responsable du Mémorial du Camp de concentration de Dachau, à GIN.
'' J'aimerais voir la liste des déportés turcs morts à Dachau. Je pourrais y reconnaître les noms de mes coreligionnaires, notamment celui de mon père, David Sephiha, et celui d'un autre Juif turc appelé Malalel. J'ai été arrêté le 1er mars 1943 en Belgique. Je n'ai pas tout de suite été considéré comme belge, mais comme turc : je suis né en Turquie. Ma fiancée non-juive a quitté la Belgique pour se rendre à l'ambassade de Turquie à Paris. Les diplomates turcs ont refusé de me reconnaître comme turc. J'ai lu des lettres de Juifs turcs internés dans des camps français adressées en judéo-espagnol à leurs proches, notamment celles de Raphaël Askenazi. Celui-ci demandait qu'on aille à l'ambassade de Turquie réclamer ses papiers. Jamais les Turcs ne les lui ont donnés '', déclare Haïm-Vidal Sephiha, professeur émérite, Université de Paris-Sorbonne, à GIN.