Entre pragmatisme et idéalisme… l’Ukraine déchirée

Les grandes manœuvres ont commencé

Ulysse et les sirènes - John William WATERHOUSE (1891)

Méfions-nous des raccourcis faciles auxquels la presse et les médias veulent nous faire accroire.

En assimilant les « combattants » de la liberté aux pro-européens et les tenants de la répression aux pro-russes ne joue-t-on pas à la dangereuse simplification des genres ? Est-il correct de considérer comme pro-européens, ceux qui ne rêvent que de ce « luxe » que l’occident semblait offrir à ces peuples privés de liberté à l’époque soviétique. Quel rêve peut proposer une Europe, pardon l’Union européenne à tous ces peuples d’Europe orientale ou du Caucase, alors qu’elle est incapable de parler d’une seule et même voix, qu’elle n’a pas su harmoniser sa fiscalité, ses lois sociales, ses problèmes migratoires, les économies de ses États-membres. Avec la volonté d’élargissement sans limites et sans garde-fous, l’Union européenne est une machine qui tourne à vide. Et ses dirigeants ne sont pas plus respectables que des « apparatchiks », se cachant derrière leurs chiffres, leurs normes et leurs statistiques, sans avoir à l’esprit que l’économie c’est avant tout du travail et des hommes.

Bien loin du théâtre des drames qui se jouent hors leurs frontières, les États-Unis continuent à dispenser des leçons de moralité politique, bien qu’ils aient été dépassés par la crise financière que leurs banques ont provoquée, conduisant à la ruine emprunteurs, entreprises et investisseurs, jusqu’à l’État fédéral. Washington ne se maintient à flot qu’au prix de sacrifices drastiques, sa dette étant principalement détenue par la Chine. Si l’Empire du Milieu lâche le géant aux pieds d’argile américain, ce sera la faillite totale.

La Russie fait toujours peur. Certes, Vladimir Poutine n’est pas un « démocrate » selon les normes occidentales. Il a pourtant été élu par son peuple. Depuis toujours, la Russie est un pays « fermé » et mystique, replié sur lui-même avec une volonté hégémonique sur ses voisins, un regard tourné vers l’Ouest avec un désir d’Orient et une chasse gardée vers le Sud, notamment le Caucase. Il suffirait de rouvrir les livres d’histoire pour comprendre la politique russe, en remontant jusqu’aux Tsars. La Russie est née à Kiev. Et il ne faut pas s’étonner de l’attachement de Moscou à l’Ukraine.

Entre l’idéalisme véhiculé par les États-Unis et l’Union européenne, dans l’incapacité de sortir l’Ukraine de la faillite, et le pragmatisme contraignant proposé par la Russie et son aide de 15 milliards de dollars, les nouveaux dirigeants ukrainiens devront choisir. Un rêve illusoire d’un côté, une liberté contrôlée de l’autre, le choix sera cornélien, d’autant que la situation géopolitique de l’Ukraine est compliquée. Mais qu’on ne s’y trompe pas les « sirènes » occidentales risquent de conduire bon nombre de capitaines vers un naufrage annoncé. N’oublions pas que derrière les beaux discours, affairistes et banquiers se profilent. Ne sont-ce pas les mêmes que dénonçait le candidat Hollande si prompt à entrer en guerre contre cet ennemi invisible et sans visage ?  N’aurait-il pas déjà oublié cette promesse…