La bataille numérique a commencé…
Le Ministère de l’Intérieur est sur le sentier de guerre
Le JO N°0031 du 6 février 2015 publiait le Décret n° 2015-125 du 5 février 2015 relatif au blocage des sites provoquant à des actes de terrorisme ou en faisant l'apologie et des sites diffusant des images et représentations de mineurs à caractère pornographique. Le 18 mars, le gouvernement français, par le biais de son ministère de l’intérieur vient de passer à la pratique.
Cinq sites « propageant » des informations assimilées à l’apologie du terrorisme en auraient fait les frais. Il faut savoir que ce décret s’applique sans le moindre contrôle judiciaire et que les décisions sont laissées au libre-arbitre du politique, sous le couvert de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC). S’il y a danger dans la propagation d’idées pouvant inciter au terrorisme, l’appréciation du caractère dangereux devrait faire l’objet d’une décision de justice, suite à un constat sur un contenu par une autorité habilitée à surveiller les publications sur Internet.
Certes, cela permettrait de limiter, du moins c’est le souhait, les vocations terroristes quelles qu’elles soient. Mais, qu’on ne s’y trompe pas, le risque est l’interprétation desdits contenus par les autorités conduisant à interdire au fur et à mesure tout contenu jugé subversif, contraire à l’opinion majoritaire ou à la conduite des affaires de l’État, violant la raison d’État, mettant en cause la politique gouvernementale. La liste n’est pas exhaustive. En un mot, ce genre de mesure, aussi louable semble-t-elle être dans sa pensée, est la porte ouverte à la censure d’État et par la même voie à la dictature.
En effet, les lois peuvent tomber tout autant tomber dans de mauvaises mains qu’être dénaturées dans leur substance en devenant un outil de pression voire d’oppression. On notera que le législateur a inclus dans le blocage des sites la provocation des actes de terrorisme et la pédopornographie. Si la première peut être sujette à des dérives, la seconde ne souffre pas de contestation. C’est une manière habile de faire passer la pilule.
Faut-il applaudir à cette mesure de blocage ou avoir à son encontre un esprit critique ? Se taire serait la pire des solutions.
Rappelons-nous cette petite histoire allemande :
Lorsqu’ils sont venus arrêter les communistes, je n’ai rien dit. Je n’étais pas communiste. Lorsqu’ils sont venus arrêter les socialistes, je n’ai rien dit. Je n’étais pas socialiste. Lorsqu’ils sont venus arrêter les Juifs, je n’ai rien dit. Je n’étais pas Juif. Lorsqu’ils sont venus pour m’arrêter, il n’y avait plus personne pour protester.