Chantage électoral… de basse-cour
Le Front républicain ou rien
No Pasaran ! V. Giardino - Les aventures de Max Fridman
Le résultat du 1er tour de la présidentielle de 2017 a qualifié Emmanuel Macron et Marine Le Pen. L’entre-deux tours a déjà révélé que bon nombre d’électeurs n’avaient pu voter alors qu’ils avaient déposé leurs dossiers en temps et en heure (j’ai personnellement eu deux cas parmi mes proches). Ainsi, il semblerait qu’à Strasbourg 16.042 électeurs radiés, selon les chiffres de la mairie, n’aient pu participer au 1er tour.
On arguera de raisons administratives ou postales pour le justifier, mais certains ne tarderont pas à supposer une élection truquée, car le cas de Strasbourg est loin d’être isolé. Je n’aborde pas les autres irrégularités constatées comme des urnes non cadenassées ou des enveloppes contenant déjà des bulletins Macron ou Fillon (dans un bureau de vote de Paris 15ème) ou des bulletins maculés, étrangement pour le même candidat.
D’un autre côté, les grandes manœuvres ont commencé dès le 23 avril par des appels à voter pour ou contre, de la droite comme de la gauche, à savoir des Républicains et du PS. Tous les ténors se succèdent dans les médias pour rassembler un Front républicain contre le FN à l’instar de 2002.
À ce niveau, deux questions se posent :
Le FN rebaptisé Bleu Marine est-il ou non un parti légal donc républicain ? S’il n’était pas légal, pourquoi a-t-il droit de cité ? S’il est légal, pourquoi former un front républicain ? S’il obtient des voix, il faut déjà s’interroger de la raison de son succès comme de sa présence. Afin de casser la droite républicaine, François Mitterrand avait habilement manœuvré pour développer à la droite de la droite le FN ; il l’avait fait à gauche pour réduire à néant le PCF. De nombreux Français se sont reconnus dans le discours du FN. Nous ne sommes pas là pour les juger. Mais nous pouvons comprendre leurs raisons telles que le sentiment d’exclusion, le besoin de sécurité, la défiance envers les élites parisiennes ou le rejet d’une politique européenne dévastatrice des valeurs françaises comme de son industrie et de son agriculture.
Si, à titre personnel, je n’adhère pas aux idées de Marine Le Pen, je ne condamne pas ses électeurs et je me garde de toute comparaison avec 1933 et l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir pour répondre à une ânerie de Bertrand Delanoë. D’après mes souvenirs, le système allemand était (et est toujours) parlementaire avec un Bundestag (Chambre basse) et Bundesrat (Chambre haute). Le parti nazi a remporté les élections au Bundestag et son leader Adolf Hitler a été désigné Chancelier. Le système français est présidentiel. Les élections législatives dégagent une majorité parlementaire. Et c’est au sein de cette majorité que le président choisi le premier ministre pour former son gouvernement. La France a connu plusieurs cohabitations entre un président de gauche et un gouvernement de droite et inversement. Si Marine Le Pen était élue, rien n’indique que son parti sera majoritaire. Le même calcul est fait par les Républicains pour revenir par la porte de service, au cas où le candidat d’En Marche serait élu (d’après tous les sondages). Macron disposera-t-il d’un nombre suffisants de candidats pour les législatives sans débaucher au PS ou au Centre droit ?
Il faut donc arrêter les raccourcis simplistes pour effrayer les électeurs
Ma seconde réflexion concerne le chantage effectué sur les candidats n’ayant pas déclaré leur choix pour un vote anti-FN ou pro-Macron. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon doit donner sa consigne de vote à ses électeurs. La situation est risible. On reprochait à Jean-Luc Mélenchon ses affinités avec Chavez ou Castro ; et dans le même temps, on lui demande, pardon on exige de lui, qu’il rameute ses troupes à l’instar d’un dictateur d’opinions pour appeler à faire barrage au FN , ce que France Insoumise a d’ores et déjà réussi en arrivant à rassembler plus que le PS à gauche.
Dois-je rappeler à nos « moineaux écervelés » pour citer le grand Jaurès que nul n’est propriétaire des voix qui se sont portées sur son nom. Nos « moineaux écervelés » de droite comme de gauche devraient savoir que, s’ils ont leur propre opinion, ce n’est pas forcément celle que suivra « bêlement » leur électorat.
Les Français en ont sans doute assez d’être pris pour des pigeons ou pour des « canards sauvages ».