La charrue avant les bœufs…

Ou comment se tromper de cap !

Ne fallait-il pas consulter le pendule ?

Erreur de tactique, confiance aveugle dans les sondages ou tout simplement mauvais cap choisi, le président normal appelle à l’apaisement après le maelstrom provoqué par le débat sur le mariage pour tous. L’adage populaire parle de charrue et de bœufs et, en toute logique, François Hollande a oublié ses classiques. Il a pourtant fréquenté un milieu rural, en tant que maire de Tulle, à caresser le cul des vaches à l’instar de Jacques Chirac. Mais, il faut croire que le bon sens paysan n’était pas viral puisque le naturel technocratique est revenu au galop.

L’économie doit être au centre. C’est ce que l’on retiendra de son intervention après le conseil des ministres du 24 avril 2013. Les Français le savaient déjà, et c’est sur cette base qu’ils avaient donné leurs suffrages au nouveau président. Lui n’a vu que le mariage comme priorité. Le divorce avec la nation en a été la sanction.

Il est de tradition en France de mettre l’accent sur les problèmes plutôt que de dégager des solutions ou de présenter des réussites. Ainsi, chaque mois, les médias nous annoncent que la courbe chômage évolue vers la hausse pour battre un record le 25 avril 2013 avec 3.224.000 demandeurs d’emploi. Il existe néanmoins en France comme en Europe des secteurs qui recrutent, alors que les journaux télévisés mettent l’accent sur l’automobile et la sidérurgie. La mesure d’une économie saine se faisait sur la santé du bâtiment. Les rénovations prennent le pas sur les constructions neuves, tant pour des raisons de budget que d’urbanisme. Pourtant, ce secteur manque de bras. Et les entreprises de construction recrutent à l’étranger. La question des charges sociales n’est pas étrangère au recours à du personnel détaché même français, mais officiellement déclaré par des sociétés situées hors de France.

Un autre secteur en forte demande est l’économie numérique. Les études de la Commission européenne montreraient que dans 3 à 5 ans, l'Europe manquera de 900.000 jeunes formés au numérique. La France n’échappera pas à cette carence. Qu’attend-on pour former des jeunes ou des moins jeunes avant cette échéance ?

L’hôtellerie et la restauration offrent des milliers d’emplois. Ce ne sont pas des métiers faciles. Mais cherche-t-on uniquement la facilité. Quand des avocats ou des médecins dans leur pays d’origine ont été obligés de le quitter lors de guerres ou de massacres ont-ils fait la fine bouche pour travailler en France ? Beaucoup sont devenus ouvriers dans des usines, artisans ou chauffeurs de taxi. Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration aurait 65 millions de postes à pourvoir dans le monde d’ici 2021, si l’on s’en tient au taux de croissance attendu.

L’environnement est un défi du 21^ème siècle. Il est potentiellement créateur d’emplois, qualifiés et techniques soit dans le recyclage ou les énergies nouvelles.

L’agriculture devrait également connaître un essor mais plus dans une vision d’innovation et de respect de l’environnement avec le bio notamment. Les circuits de commercialisation devront être revus pour assurer aux producteurs un revenu décent. Il est intolérable que les métiers de la terre ne puissent pas assurer la subsistance de ceux qui la travaillent aujourd’hui. La construction en bois attire de plus en plus de particuliers, en conséquence les métiers autour de la forêt et la filière bois devraient en profiter.

Quoiqu’il en soit avec le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de la vie les services à la personne comme la santé et l’action sociale concentreront d’ici deux ans près de 800.000 emplois nouveaux. Les transports et la logistique les métiers administratifs, le commerce et la vente compléteront avec près de 600.000 postes à pourvoir.

La priorité est donc bien l’économie. Il ne fallait pas l’oublier !

Comments

[arkantz]

Merci pour cette opinion. Je ne souscris pas à tout. Loin de là. Le numérique n'est pas une panacée. Je travaille dans ce secteur. De nombreux métiers manquent de bras. Pourquoi ? Notre système éducatif a mis le travail manuel de côté. Bon pour les cancres et les exclus du système.

[Sceptique]

Notre économie aurait besoin d'activités à forte valeur ajoutée, avec la main d'oeuvre qualifiée adéquate, mais aussi d'activités non délocalisables, comme le bâtiment, l'artisanat, les métiers de bouche.

Si nous ne l'avons pas, c'est parce que notre enseignement les dénigre, les considère comme des métiers indignes, pour cancres.

Sauf les métiers liés au numérique, les autres voies que vous énumérez n'ont, globalement, rien qui puisse garantir une carrière. Les énergies nouvelles ont un pied dans l'industrie traditionnelle, nécessitant un haut niveau d'investissement et de qualification, mais dont les avantages économiques, et la sécurité énergétique, ne font pas l'unanimité. Le recyclage des déchets, tel qu'il est conçu, une fois tous les interdits signifiés, est un gouffre financier, pesant sur le niveau de vie de tous. Une révision des moyens serait à accomplir.

Quant à l'agriculture "bio", elle ne pourrait satisfaire les besoins alimentaires des plus pauvres. Elle serait probablement déficitaire, en volume, pour les produits de base.

Le problème de l'écologisme, c'est qu'il est avant tout une pensée régressive. Le préalable à sa mise en oeuvre, c'est un recul sur le mode de vie acquis. Il supprime les boeufs.