L’art de déplaire…

Sans pour autant vendre sa conscience

1984 - Orwell

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines? 
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu´on enchaîne? 
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c´est l´alarme. 
Ce soir l´ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes. 

Extrait du Chant des Partisans (J.KESSEL/M. DRUON - A. MARLY)

Internet est un formidable outil d’échanges et de communication. C’est également devenu un exutoire pour des profils anonymes qui, sous couvert d’un pseudo, vomissent des injures envers ceux qui ne pensent pas comme eux. Les réseaux sociaux sont de plus en plus envahis pas des « trolls », à savoir des individus patentés par des lobbyistes, des snipers de la pensée unique, des censeurs du politiquement correct.

Internet est pour beaucoup un espace de liberté. Mais ne nous y trompons pas, sur la toile tout le monde est surveillé. La plupart des serveurs sont hébergés aux États-Unis, où les lois ne sont pas aussi protectrices du droit d’auteur, du droit à l’image comme de celui de l’oubli.  Certains pays essaient de restreindre cette liberté par la censure. Cela n’empêchera pas les internautes de ces pays-là de contourner les interdictions, en se croyant en liberté.

La liberté est un leurre. Le prêt à penser médiatique nous sert à longueur de journée ses messages subliminaux à tendance hypnotique afin de forger les opinions publiques dans une direction bien précise, un objectif bien défini, ne pas leur permettre de penser par elles-mêmes.

Le fameux « On ne nous dit pas tout » humoristique d’Anne Roumanoff ne serait-il pas une alerte pour cette opinion publique trop facilement encline à avaler les couleuvres des politiciens. L’Ukraine, la Grèce, la Russie, l’Union Européenne, la dette, la sécurité, le terrorisme, l’environnement sont autant de sujets dans le carrousel médiatique qui servent à entretenir les peurs collectives.

Même les soi-disant philosophes sont tombés dans le piège. La course à la reconnaissance ou à la notoriété pousse nombres d’intellectuels à adopter une posture respectable, en hurlant avec les loups, en fustigeant la réflexion rebelle ou protestataire, en accusant d’imbécile, de demeuré ou d’idiot tout déviant de la pensée unique.

N’aurions-nous pas atteint un fascisme de l’intelligence qui, suite aux « Je suis Charlie » de janvier 2015 après les attentats dans Paris, se généraliserait sur la toile ? Sous prétexte de renforcer la sécurité, les parlementaires français ont emboîté le pas de l'administration Bush tendance W en entérinant un Patriot Act hexagonal proposé par le gouvernement Valls en réponse ces attentats.

Va-t-on obliger les libres penseurs à se cacher pour éviter les persécutions médiatiques, l’ostracisme de plus grand nombre ou la lapidation morale ?

En tant que franc-tireur de l’impertinence, j’espère que non. Néanmoins, je me pose la question.