Faire la sourde oreille…

Non-assistance à personne en danger

Vncent van Gogh - Le vieil homme triste - 1890

L’adolescent de 13 ans était victime de brimades et de moquerie, depuis qu’il était entré en 6^ème. Le chômeur de longue durée de 43 ans n’avait plus d’espoir. Deux drames de l’indifférence et de l’incompréhension, l’un à Bourg Saint-Maurice l’autre à Nantes.

Dans un monde où la banalisation de la violence envahit les écrans, de la télévision aux ordinateurs en passant par les Smartphones, il ne faut pas s’étonner que les jeunes reproduisent dans les écoles des modèles virtuels. Même pour des parents attentifs, il faut savoir décoder les sautes d’humeur d’un enfant. Parfois, celles-ci sont le signe d’alerte d’un malaise plus profond qui prend souvent sa racine dans les tensions scolaires, agressivité de camarades de classe, défis, brimades, réaction de certains enseignants, silence de l’administration. Avec l’éclosion des réseaux sociaux, certains élèves, qui se sentent incompris, vont utiliser les nouvelles technologies pour se faire justice. Ainsi, créer un faux profil d’un enseignant va leur permettre d’évacuer leur ressentiment. L’enseignant lui-même pourrait être blessé par le ridicule, la rumeur ou les « on-dit », voire le scandale. Et pour défendre son bon droit comme son honneur, il ira saisir la justice, porter plainte et obtenir de l’administration des sanctions contre les élèves fautifs.

Il serait pourtant plus judicieux, dans certains cas, d’expliquer auxdits élèves le danger d’une telle initiative et d’essayer également de comprendre le pourquoi de leur malaise. Quand des parents signalent un problème concernant leur enfant dans ses rapports avec ses camarades, certains professeurs principaux feront la sourde oreille, considérant que la question ne relève pas de leur domaine mais de l’administration. L’administration, quant à elle, sera injoignable. Le problème ne sera pas résolu, et l’enfant continuera à subir, jusqu’à ce qu’un surveillant ou un enseignant alerté ou témoin intervienne. Il y a pourtant des vexations qu’on ne peut constater, et des élèves qui ont trop peur pour se plaindre. Fragilisés, ils pourront être capables du pire.

La diversité des outils de communication crée l’illusion des échanges alors qu’on ne sait plus se parler. Même avec le recours aux nouvelles technologies, un chômeur en fin de droits ayant dépassé la quarantaine peut en avoir assez d’essuyer des refus comme des silences à ses courriers. Il peut aussi se sentir marginalisé dans une société où le résultat, la jeunesse et la performance sont érigés en dogmes. Avec cette crise ressassée à longueur de jours par les médias, les fermetures de sites et l’incertitude du lendemain, il faut raison garder avec une foi chevillée au corps pour ne pas se laisser polluer.

Il est malheureux de voir que les qualités personnelles, la créativité issue d’un apprentissage réveillant un talent, les métiers manuels privilégiant l’intelligence de la main et la transmission des savoir-faire soient à ce point laissés de côté au profit de l’argent facile, des apparences et des faux semblants.

La société actuelle est ainsi cruelle et sourde.