Utopies européennes…

Un continent de contrastes

Tunnel... Un trait d'union sous la Manche pour une utopie européenne

Le rêve d’Union européenne repose sur une utopie. La seule et vraie raison de cette Union était d’en finir avec la guerre, et notamment la confrontation entre la France et l’Allemagne De 1870 à 1945, trois conflits majeurs ont opposé ces deux puissances et les deux derniers furent mondiaux.

De Gaulle et Adenauer étaient investis de cette volonté de tirer un trait sur le passé douloureux afin de panser les blessures de la guerre et bâtir une société de paix. Ce fut pourtant dans l’ombre des Schumann et Monnet que d’autres inspirateurs poussèrent à la construction européenne. La main des États-Unis ne devait pas y être étrangère. Le plan Marshall organisait la reconstruction des infrastructures détruites par les ravages de la guerre, de l’occupation et des bombardements alliés. L’Europe politique sur les rails, l’Europe de la défense devait prendre le relais. La France refusa d’abandonner sa souveraineté sur sa défense. Et ce projet capota.

L’Europe est un continent, formé de pays et de cultures divers. Héritière de la démocratie grecque, qui on le sait était réservée aux seuls citoyens les barbares en étant exclus, l’Europe s’est forgée dans la tradition romaine puis judéo-chrétienne, ce qui n’a empêché en rien les luttes intestines, les guerres de religions entre catholiques, protestants, hussites, albigeois ou cathares. Des alliances ont parfois été conclues avec des puissances orientales comme l’Empire ottoman dont les janissaires ont conquis les Balkans, allant jusqu’à titiller les Européens aux portes de Vienne.

Pour les partisans d’une Union européenne élargie, l’Europe n’est qu’un vaste marché ouvert à l’investissement et à la libre circulation des hommes et des biens. Peu importe pour les tenants de cette vision économique et financière les besoins des populations locales, leur histoire ou leur destin. Leur but ultime est de profiter des structures comme des ressources, exploiter une main d’œuvre bon marché, établir des réseaux d’influence et vendre des biens produits par des multinationales. Cette option se heurte hélas souvent au projet des voisins de ces pays, candidats à l’adhésion dans l’Union européenne.

L’Union Européenne fonctionne à hue-et-à-dia. Même si elles sont désignées par les États membres les institutions européennes bruxelloises sont perçues par les peuples de ces mêmes États membres comme des ingérences inacceptables car ne pouvant rendre de véritables comptes aux citoyens. Assimilées à un État dans l’État, à défaut d’une réelle organisation politique européenne, ces institutions donnent de l’Europe l’image d’un pouvoir technocratique, asservi par les puissances de l’argent et fort éloigné des préoccupations du quotidien de millions d’Européens dont elles gèrent la vie.

L’élargissement de l’Union, décidée par quelques-uns, sans l’accord des peuples ne conduira qu’à la création d’une illusion de puissance, impossible à gouverner tant les attentes des uns comme les exigences des autres seront incompatibles. Ne risque-t-on pas alors une implosion nécessaire d’une utopie qui continue à tort de faire rêver les peuples avides de cette liberté dont ils ont été privés.