Mon Zénith… sans moi
Le 2 juillet 2007, George Benson et d’Al Jarreau donnaient un concert exceptionnel pour le lancement de leur album « Givin' it up ». Qui n’a pas vibré en écoutant la voix soul du vocaliste Al ? Qui n’a pas voyagé avec les mélodies rythmées du roi George ? Benson & Jarreau, l’affiche de rêve avait attiré des milliers de spectateurs tous âges confondus.
Mes souvenirs du Zénith remontaient à 1989. J’y avais assisté au concert de Bernard Lavilliers pour la sortie de son album « Gentilshommes de fortune, rêves et voyages ». Un souvenir inoubliable.
J’avais oublié que les sièges du Zénith étaient si durs et si inconfortables, si ce n’est incommodes. Une première partie du spectacle, assurée par deux excellents guitaristes, nous aura permis de patienter de 20h00 à 20h45. Le concert était pourtant programmé pour 20h00 à ma connaissance. À 20h45, l’orchestre s’installe. Mise en oreille (pour ne pas dire en bouche) sur les mélodies les plus célèbres des deux artistes. Je trouvais déjà le son de l’orchestre un peu fort. Dès le début du tour de chant, cela devint à proprement parler insupportable. Né dans une famille de musiciens, je n’ai pu apprécier ni les vocalises d’Al Jarreau qui à 66 ans assure encore sur scène malgré un trou de mémoire (peut-être volontaire) sur My Song d’Elton John, ni la voix chaude de George Benson si ce n’est sur The Sea (la version américaine de La Mer de Charles Trenet) – je ne parlerai pas d’On Broadway ou de Give Me The Night.
Comment peut-on accepter que le talent vocal soit à ce point noyé sous un déluge de bruits qui s’apparente plus au tumulte ou à la bouillie qu’à de la musique. Le piano et les claviers étaient inaudibles, et de temps à autre le saxo émergeait de cette purée. Quid de l’ingénieur du « çon » (tiens, j’aurai pu oublier la cédille…), il a quoi dans les oreilles ? Je ne voudrais pas paraphraser pour y répondre la diva la plus célèbre du PAF qui officie dans le jury d’une émission de la télé-réalité musicale sur une chaîne bien connue. Mais quand même…
Il semblait pourtant que j’étais le seul à me sentir agressé, puisque des centaines de spectateurs dans une espèce de ferveur collective avaient l’air en parfaite symbiose avec cette « musique », à moins que je ne sois pas de cette génération de la grand messe du méga concert. Déjà, plus jeune, je trouvais que les discothèques étaient les antichambres de la torture auditive. Alors les méga discothèques que sont les Zéniths et consorts !
Pitié pour nos oreilles ! C’est ce que l’on devrait plutôt crier. Et dommage pour ce concert. Je crois que je goûterai avec plus de délice au talent de ces interprètes en les écoutant religieusement sur ma chaîne stéréo.
Carl E. ARKANTZ