Laïc… ne veut pas dire antireligieux

Ou quand Femen s’emmêle...

La Liberté guidant le peuple - Eugène Delacroix (1830)

Dans ses filles qui n’ont pas froid aux yeux… et pas seulement, certains croient voir un militantisme provocant et salutaire. Alors que pour d’autres, ce ne serait que de l’exhibitionnisme savamment dirigé.

Femen est né en Ukraine. Puis le mouvement créé par Anna Hutsol a essaimé. Leur incursion dans la cathédrale Notre-Dame de Paris pour fêter la renonciation du pape n’a pas été du goût de tout le monde, à commencer par le ministre socialiste de l’intérieur, Manuel Valls.

Que Femen s’étonne qu’un ministre d’une république laïque condamne leur action, c’est méconnaitre le sens du mot laïcité. La laïcité ne s’oppose pas à la religion, elle considère cette dernière comme étant de la sphère privée ; elle les tolère toutes. Religion, politique et société sont donc distincts. Et la République n’a aucune religion d’État, à la différence d’autres pays. La laïcité n’est pas non plus le laïcisme comme en Turquie où les écoles de formation des imams sont financées par l’État. Dépendant du Ministère des affaires religieuses, ces mêmes imams sont des fonctionnaires que paie l'État. Et la mention de la religion figure sur la carte d'identité. L’origine figure sur les passeports sous la forme d’un code.

Femen fait preuve d’audace ou de culot, d’aucuns diront d’irrespect pour l’église et certaines institutions. Le mouvement se dit ne pas comprendre la condamnation de leur geste par les Pussy Riots  qu’elles soutenaient en tronçonnant une croix de Kiev. Comprendre l’autre, c’est parfois se mettre à sa place en oubliant son dogmatisme. Le féminisme est une lutte éminemment noble et juste, il serait dommage de la cantonner aux quelques éclats de femmes dénudées.

Est-ce cette nudité qui leur donne autant d'importance ?