Rideau de fumée… Dieudonné… Gayet…

La Valls des étiquettes

Jeu de masques et de faux-semblants

Le rire est dévastateur. On savait que l’humour était une arme de dérision massive. Mais la dérive des émotions conduit des gens dits « intelligents » à des écarts dignes d’un Torquemada moderne. Par nature, l’homme ne maîtrise pas ses sentiments ; il peut toutefois contrôler ses paroles, s’il ne peut le faire de ses actes. Appel à la peine de mort, injures raciales, invectives ou insultes à la Mémoire, immixtion dans la vie privée et rumeurs avec ou sans fondement  provoquent des tensions de plus en plus palpables. Les « affaires » récentes autour d’un humoriste,  « le plus doué de sa génération », qui ne ferait plus rire ou des supposées frasques d’un président se réclamant de la normalité avec une actrice sont révélatrices d’un malaise social profond.

Depuis son accession au pouvoir, François Hollande a exacerbé ce malaise, en amplifiant les communautarismes qui ne demandaient qu’à s’exprimer avec plus ou moins de virulence. La paix sociale ne s’acquiert pas par de « petits cadeaux » faits aux uns ou aux autres comme autant d’appels du pied pour faire taire des revendications partisanes. On ne peut satisfaire les uns sans porter préjudice à d’autres qui crieront à l’injustice.

La classe politique dans son ensemble ne représente plus la sensibilité française, et ce depuis bien longtemps. Le peuple ne se reconnait plus dans ses dirigeants. Cet aréopage s’est coupé de son électorat et il y a fort à parier que le parti de l’abstention sera le grand vainqueur des futures élections municipales et européennes. L’autre possibilité est bien sûr la montée des extrêmes qui cristallisent la déception des exclus d’un système qui ne profite pas à tous.

Le parisianisme s’est érigé en maître à penser d’une société plus nombriliste que solidaire, où le regard vers l’autre est de plus en plus absent. Si Marx parlait de lutte des classes, en opposant la bourgeoisie au prolétariat, les clivages sont aujourd’hui plus complexes et parfois détonnant.

Dans un article de Sylvain Mouillard du 9 janvier 2014 sur les spectacles de Dieudonné intitulé « L’interdiction préalable crée un effet pervers », Agnès Tricoire, Avocate de la Ligue des Droits de l’Homme déclarait : « Il faut lutter contre le clivage des communautés et la concurrence des souffrances. L’enjeu, c’est d’abord les souffrances sociales qui se terminent souvent dans la haine de l’autre. » Même la CEDH ne respecte pas cela, notamment avec sa décision concernant Perinçek.

Par son réveil « tardif » et la promotion d’un humoriste pour les uns ou supposé tel pour les autres en ennemi public n°1, le ministre de l’intérieur joue avec le feu. S’il pensait acquérir une dimension de présidentiable, sa stratégie est vouée à l’échec. On appelle ça se tirer une balle dans le pied. Car ce dossier laissera hélas des traces difficiles à effacer. Après les Roms, c’est bien la valse des étiquettes le concernant. Errare humanum est, perseverare diabolicum...