Nuit Debout… Entre état d’urgence
Et démocratie
Le 11 avril 2016, sur i-Télé, Jean-François Copé assimilait Nuit Debout à une poignée de personnes respectables mais qui « sont tellement déconnectés de la réalité ! »
Interrogé sur la manifestation qui a débuté le 31 mars dernier, il s’est fendu d’un : « C'est tellement pathétique de voir cela. De voir cette situation dans laquelle nous sommes, en état d'urgence ! »
Quel est le rapport ? L’état d’urgence serait-il devenu le prétexte d’interdire à tout citoyen de manifester. Si c’est cela la vision de l’état d’urgence de nos politiques, enfin de certains d’entre eux, que ce soit à gauche (au PS) ou à droite (chez LR), nous devrions commencer à nous méfier de plus en plus. Notamment, lorsque M. Copé assène qu’en France la démocratie, c’est le vote.
Voter est devenu pour beaucoup de concitoyens un marché de dupes. Alors, qui est réellement déconnecté de la réalité ? Nos représentants élus qui se contentent de briguer des mandats et accumuler des avantages, en instaurant un népotisme, une sorte de transmission d’héritage à leur descendance, une monarchie républicaine en somme ? Ou ce sont ceux qui, écœurés par le spectacle tragique de la politique, ont perdu tout espoir dans les institutions de la République et les hommes ou les femmes chargés, à leurs yeux, de les incarner ?
Ce qui est pathétique, c’est d’entendre Jean-François Copé parler des revendications de Nuit Debout. Est-il sourd quand il dit : « Mais les revendications de qui ? D'une poignée de personnes sans doute très respectables, mais tellement déconnectées de la réalité ? Vous savez, c'est très frappant de voir que l'actualité du week-end, je mets de côté l'horreur terroriste, c'était quoi ? D'un côté les Indignés là, qui dorment... qui font le siège de la République et qui nous décrivent avec des yeux émerveillés la France qui commence, alors que pour beaucoup d'entre eux, je les sens avoir besoin d'un accompagnement pour vraiment comprendre que la solution, c'est de trouver un travail, une formation. Et de l'autre, Emmanuel Macron. »
Parmi ces indignés, il n’y a pas qu’une poignée d’étudiants naïfs ou de rêveurs éveillés comme voudrait nous le faire accroire le député des Républicains ; il y a surtout des Français lassés des mensonges d’une oligarchie au pouvoir ; il y a des patrons de TPE et de PME que ne représente pas M. Gattaz ; il y a des artisans ou des commerçants et des professions libérales fatigués d’être pressurés par les caisses de retraite, l’URSSAF, le RSI ou le Trésor Public ; il y a des retraités, inquiets pour leurs pensions ; il y a des jeunes effrayés par l’avenir qu’on leur prépare ; il a des écologistes, soucieux du devenir de la planète ; et bien d’autres encore.
Le mouvement fait peur à nos politiciens. Dans la balance de Jean-François Copé, on a d’un côté un long descriptif des indignés et de l’autre, Emmanuel Macron. Est-ce l’opposition entre deux conceptions de la société ou Emmanuel Macron aurait jeté un coup de pied dans la fourmilière que les indignés ont commencé à secouer.
Un nouveau monde est possible