Le parisianisme intellectuel qui ignore ses campagnes
Mais se lamente sur le sort de quelques-uns par pure vanité
Comme chaque année, les Victoires de la Musique ont couronné des artistes d’horizons divers, au talent parfois discutable, parfois discuté. Mais, la France est championne de la critique et surtout du rejet de la réussite, tant les mentalités ont été dévoyées vers un nivellement par le bas et une méfiance pour le mérite.
Certes, le monde du Show Biz est loin d’être une réalité sociale mais une vitrine déformante de la réalité du monde. Ceux qui tiennent le haut de l’affiche dans l’instant s’arrogent le droit de prendre la parole, d’exprimer leur opinion, de dire leur vérité. Ils embarquent après eux des centaines de fans qui, grâce aux réseaux sociaux, se font la caisse de résonnance de la petite phrase, de la méchante critique, de l’appel à la justice.
Exigence de justice, oui… Mais soyons honnêtes. Les cas de Théo ou d’Adama ont défrayé la chronique. On a pointé les violences policières. Malheureusement, elles existent et pas qu’en France. Ces violences ne sont pas non plus une généralité. Loin de moi de les cautionner. Notre société est devenue violente. Notre culture est violente. Nos médias nous abreuvent de violence. Le cinéma joue sur la violence. Les jeux auxquels s’adonne la jeunesse sont construits autour de la violence. Les cités sont devenues le ghetto de la violence de caïds surarmés. Les messages d’extrémistes religieux appellent à la violence.
Où sont nos « artistes », intellectuels autoproclamés pour dénoncer toute cette violence ?
Une autre violence existe, diffuse, terrible, insoupçonnée. C’est celle des banques et des institutionnels qui torturent nos entrepreneurs, nos PMI, nos artisans, nos professions libérales ou nos exploitants agricoles. Qui s’insurge ? Pour mémoire, en 2016, plus de 150 agriculteurs se sont suicidés.
Quel est l’intellectuel, l’artiste ou l’écrivain médiatisé qui en a parlé ?
Aucun !
Personne ne crie au scandale contre l’abattage administratif d’un troupeau suite à la liquidation financière d’une exploitation. Les grands syndicats agricoles se taisent lorsque l’un de leurs membres aborde le tabou du suicide. Mieux encore on l’ostracise. Même la campagne jette un voile pudique sur le malaise des travailleurs de la terre.
Alors, des intellectuels « Parisiens » pensez-vous. Eux qui se croient le nombril du monde peuvent-ils se pencher sur le malheur des autres, alors qu’ils ne savent pleurer que sur leur propre malheur ?