Partez… non

ou comment perdre un excédent de Grèce

Par tenons et morte aise, la Grèce semble irréformable, irrécupérable, incurable. Les injections même massives d’euro n’y changeront rien. Le 14 mai, les Grecs auraient retiré en une journée 700 millions d’euro. L’ancien ministre des finances grec avait chiffré à environs 16 milliards d’euro les sommes déposées à l’étranger. Le système fiscal n’existe pas ; on ne peut même pas dire qu’il est spartiate. Et une économie parallèle s’est développée, à l’image de celle que certaines cités des banlieues françaises connaissent.

Le problème réel de la Grèce est d’un côté la faiblesse industrielle, de l’autre des années de dictature et de soumission qui ont placé le peuple dans une situation d’assistance. Ce qui est vrai en Grèce l’est tout autant en Espagne ou au Portugal avec quelques variantes.

Pourquoi a-t-on fait entrer la Grèce dans la zone euro, alors que ce pays n’avait pas les capacités économiques de l’intégrer ? On pourrait dégager plusieurs réponses. La première est liée à nos têtes pensantes de Bruxelles. Ces technocrates contre lesquels on émet force critiques ne brillent pas forcément par leur intelligence. Qu’ils subissent des pressions ou préservent leurs intérêts ne fait aucun doute. Irresponsables, puisque ne détenant aucun mandat électif, personne ne peut les mettre en cause.

Les banquiers ou les réseaux financiers ont toujours considérés la zone euro comme un grand espace de jeu, où proposer des crédits à ceux qui n’avaient pas les moyens de s’offrir leurs rêves pouvait les aider à gagner plus d’argent.

Les dirigeants politiques des pays fondateurs de l’Europe politique auraient pu dire non à un élargissement suicidaire ou à une absence de sélection à l’intégration dans une même zone monétaire. Mais à l’instar des technocrates de Bruxelles qui partagent avec eux la même origine, ils ne servent que leurs propres intérêts. Mais responsables devant leurs électeurs, ils peuvent être remerciés du jour au lendemain. Les candidats à l’intégration dans la zone euro, ces nouveaux membres de l’Union européenne étaient eux-mêmes dirigés par des politiciens qui ont caché la vérité à leur peuple. Jurer à tout va que tout est possible conduit droit dans le mur. Quand entendra-t-on un nouveau Churchill promettre du sang, de la sueur et des larmes ?

Quant aux peuples, ils ont beau jouer les indignés, protester dans les rues, crier ou hurler en vain, qu’ils se regardent en face. Il y a des rêves que l’on peut s’offrir et d’autres non. L’accumulation de richesses matérielles de fait jamais le bonheur. Des familles entières se sont privées de rêves pendant des années, alors que leurs voisins s’offraient les technologies de dernier cri. Les rêves stimulent lorsqu’on se donne les moyens de les réaliser. Il n’y a pas si longtemps un jeune Chinois vendait un de ses reins pour pouvoir acheter le dernier i-Phone.

Cette course à la consommation effrénée doit s’arrêter. Sinon la ligne d’arrivée risque bien d’être l’abime. Pour éviter le pire, il faut savoir parfois faire des sacrifices.