Identité et culture

Le rejet de l'identitaire

Chaque être a son identité propre. Une identité est construite par son histoire personnelle tout autant que par son héritage génétique. Les identités uniques réunies dans le creuset du groupe forment celle de la famille, du groupe ou de la nation.

L'individu reste bien l'équation d'identités multiples habillement combinées, qui modelées par le parcours de chacun, donnent une identité particulière.

L'identité d'une nation s'est forgée dans la souffrance comme dans les conquêtes. Ces dernières ont pu être militaires et acquises par les armes, mais aussi sociales et politiques.

L'idée même de nation est différente selon les pays ou les cultures. La nation vue par les Allemands déborde les frontières de l'Allemagne. Pour Johann Gottfried Herder (1744-1803) la nation est fondée sur le sol et une langue commune ; de son côté, Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) met en avant l’idée de peuple ainsi que l’importance de la langue. L’unité politique ne serait le socle du concept de nation. L’idée de nation française s'est plutôt appuyée sur un centralisme politique reposant sur des valeurs et une unité nationale. Dans sa conférence de 1882 intitulée « Qu’est-ce qu’une Nation ? », Ernest Renan (1823-1892) posait comme critères de l’appartenance nationale, « le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. » Le concept de francophonie englobe autour d'une même langue les peuples qui l'utilisent, la partagent et l'enrichissent de leurs propres idiomes afin de la rendre plus vivante.

Le concept d'identité nationale est utilisé par certains groupes comme un instrument de rejet de l'autre.

Cet autre s'amalgame dans un conglomérat composé de l'étranger, du supranational comme du multi qu'il soit ethnique ou culturel.

L'ennemi de l'identitaire est le communautarisme, à savoir cette notion d'Etat dans l'Etat, un groupe identifié par ses revendications concernant ses propres intérêts au détriment de celles de la nation dans son ensemble.

Amplifié par le fait religieux, le réflexe identitaire se mue en racisme, phénomène de rejet de l'autre, de cet autre qui ne répond pas à sa propre identité.

Voilà bien des notions que l'on s'attendrait à voir débattues dans des amphithéâtres. Mais lorsqu'il s'agit de l'élection de Miss France, cela laisse tout autant songeur qu'inquiet.

Flora Coquerel n'est pas la première Miss avec des origines africaines à remporter le titre. Née à Kigali d'un père français et d'une mère rwandaise, Sonia Rolland avait bien été élue Miss France 2000.

Que la Miss France soit métisse remet-il en cause son élection ? Ou est-ce que le fait qu'elle soit fière de son métissage qui en gêne quelques-uns ?

Une Miss qui représente la France dans les concours de beauté correspond aux goûts du public qui a voté pour elle, et non pas à ceux d'une coterie identitaire. Elle est à l'image de cette équipe de France de football de 1998 qui devint championne du Monde.

Et en fin de compte que reconnaissait-on lors de l'élection de Miss France leurs origines ou tout simplement leur beauté ?