Une partition sans les couacs
Ou la recherche de l'harmonie gouvernementale
Deux semaines après sa nomination. Manuel Valls donne le la. Les instrumentistes n'ont qu'à bien se tenir. La chasse au couac est ouverte. On reconnaît bien là, sa proximité avec une virtuose de l'archet. Du côté des fausses notes, le communiqué du Quai d'Orsay du 30 mars dernier sur l'épuration ethnique à Kessab vaut son pesant de pistaches.
Alors que des djihadistes venant de Turquie ont envahi avec du matériel lourd cette ville frontalière de Syrie, s'y livrant à la barbarie la plus atroce, le ministère français des affaires étrangères condamne le régime pour ses bombardements.
Les Arméniens de Kessab, victimes d'un pogrom dénoncé même par la presse israélienne, ont appelé le régime de Damas à l'aide, quand l'occident, sous couvert de soutenir l'opposition syrienne, arme et finance avec le concours des Saoudiens et des Qataris des barbares qui exhibent leurs trophées sur Internet.
On attendait la réaction d'un BHL prêt à crier au scandale comme lors de la décapitation de Daniel Pearl. 13 têtes d'Arméniens ne l'ont pas fait réagir ; quant à Laurent Fabius ou François Hollande leur silence fait mal aux oreilles tant il est toni-tuant.
Une telle horreur peut-elle encore être tolérée alors qu'elle est pour beaucoup intolérable ?
Mais peut-on s'étonner de l'absence d'humanité et de conscience de ses personnages qui, osant donner des leçons de conduite au monde, soutiennent les ultra-nationalistes de Svoboda en Ukraine, la mauvaise graine de la mouvance nazie qui persécuta le peuple ukrainien et les Juifs durant la dernière guerre.
Ceci explique peut-être cela.