Même les extrêmes...
en deviennent banals
Dans le débat politique qui vire au déballage les peurs ont pris la place des idées. En argumentant sur ces premières, les tribuns modernes que sont nos politiques utilisent les émotions de l'électeur plus que sa raison ou sa réflexion.
Accusés de se coucher face aux politiques, les grands médias savent relayer au mieux les affirmations des uns comme les mensonges des autres. Le propre des médias chauds est de faire réagir dans l'immédiateté sans laisser d'espace à l'analyse et à l'étude. L'information est utilisée comme un produit de consommation de masse prêt à être ingéré tel quel.
Si internet a ouvert une porte, ce sont les groupes avec leur puissance de frappe qui font et défont les hommes et les femmes politiques.
Ces derniers savent depuis longtemps que leur image passe par les médias. Ils les utilisent. Dans ce jeu où chacun se sert de l'autre, le jouet reste l'électeur, le lecteur ou le téléspectateur. Considéré comme le témoin passif, il ne mesure pas son pouvoir qui, une fois organisé, pourrait faire et défaire la société.
C'est donc en maniant les peurs et les divisions que les détenteurs du pouvoir politique se maintiennent. Après quoi courent-ils tous ?
Rares sont ceux qui ont un vrai projet pour la nation. La plupart cherchent à laisser une marque dans l'histoire, beaucoup se contentent de petits arrangements, se livrent au copinage ou arrondissent leurs fins de mois. Plus personne ne fait le don de soi pour le pays.
Les mots restent vides de sens lorsque le sens de l'Etat n'est qu'un saupoudrage habile pour masquer ses carences ou ses fêlures. Derrière tout ce qui s'exprime, il y a ce que l'on tait.
La banalisation des extrêmes demeure néanmoins le pire des dangers. La xénophobie des uns répond au rejet dogmatique des autres. Étrangers, riches, patrons ou syndicats deviennent des repoussoirs ou des défouloirs autour desquels se cristallisent les plus faibles, les plus instinctifs, les exclus du système comme les envieux ou les aigris. S'ajoutent à ceux-là les arrivistes, les ambitieux ou les opportunistes qui profitent des circonstances.
On ne peut exclure un mouvement politique tant qu'il s'inscrit dans le jeu démocratique des institutions. On ne peut que s'inquiéter de sa montée en puissance car elle révèle les ratés de notre société.
Bien littérairement.