Le devoir de mémoire

70 ans après qui se souvient ?

La Rafle du Vel d’Hiv eut lieu 16 juillet 1942. 13.000 Juifs de Paris et de la région parisienne dont 4.000 enfants furent arrêtés par la police de Vichy. D’aucuns s’indigneront de ce terme police de Vichy alors qu’il est courant d’écrire plutôt police française. On doit pourtant éviter les amalgames faciles. La police française a eu dans ses rangs des résistants ; certains en ont payé de leur vie, arrêtés et déportés dans les camps ou fusillés sans autre forme de procès.

Les Allemands attendaient 22.000 arrestations. Est-ce à dire qu’il y aurait eu désobéissance civile tant dans la population qu’au sein de la police ? Selon certaines sources, parmi lesquelles celles d’anciens résistants, la police de Bousquet comptait parmi elle des résistants dès 1940. C’est ainsi grâce à des officiers de police que des résistants menacés d’être arrêtés par la BS1 (Première Brigade Spéciale) du commissaire Fernand David pourront être exfiltrés.

Le groupe Manouchian, la première armée secrète qui s’illustra dans l’assassinat de Julius Ritter à Paris le 28 septembre 1943, sera ma cible du commissaire David et de la Gestapo.

Le Vel d’Hiv a été détruit. Et plus ne subsiste de l’endroit où des Français de confession juive et des Juifs ayant migré d’Europe centrale seront parqués dans des conditions atroces avant d’être envoyés à Drancy ou les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande.  Pour la plupart la fin du chemin ce sera Auschwitz.

Ironie du sort, jusqu’en 2011 à l’emplacement du Vel d’Hiv, rue Nélaton, se dressait le siège de la DST.

La rafle du 16 juillet 1942 est une tâche dans l’histoire française. Elle marque plus que la collusion du régime de Vichy avec les nazis la volonté de régime honni de persécuter et de déporter ses propres ressortissants pour cause de différence confessionnelle ou idéologique. Ami de Bousquet, François Mitterrand devra se forcer à participer aux cérémonies du Vel d’Hiv. Il faudra attendre Jacques Chirac pour condamner l’État français et reconnaître sa responsabilité dans la rafle.

70 ans après qui se souvient ? Une grande majorité des jeunes de 15 à 25 ans semblent encore ignorer l’événement.

Cela nous renvoie à une phrase d’Adolf Hitler devant son état-major le 22 août 1939 : « Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? »

Hitler savait de quoi il parlait. Rudolf Höss, qui servit comme sous-officier de l’armée allemande en Turquie en 1916, ne fut-il pas le commandant zélé des camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Il est vrai qu’il avait dû être à bon école en Turquie.

La mémoire, c’est ce qui permet d’entretenir le souvenir de ceux qui n’ont pas pu se faire entendre, de ceux qui ont subi l’arbitraire du fait de leur race, de leur religion ou de leurs idées, de ceux qui ont disparu sans laisser de sépultures. L’amnésie ne fait l’affaire que des nouveaux tyrans exterminateurs.

Bien littérairement.

Bibliographie sommaire

Elle s’appelait Sarah
Tatiana de Rosnay
Ed. Héloïse d’Ormesson
Roman de l'anglais par Agnès Michaux

Vél'd'Hiv. 16 juillet 1942.
Des survivants de la Rafle témoignent
Alain Vincenot
Editions L'Archipel

Les Commandos de l'Affiche rouge
Arsène Tchakarian, Hélène Kosséian-Bairamian
Editions du Rocher